Le monde d'Elodie. Pierre Perret : "Si longue soit la nuit, le jour finit toujours par arriver"

Elodie Suigo : Bonjour Pierre Perret !

Pierre Perret : Salut la foule en délire !

Comment vivez-vous la confinement ? 
J'ai beaucoup de temps mais j'ai toujours des choses à faire, je ne me m'ennuie jamais. J'avoue que c'est pesant parce qu'on ne peut pas s'empêcher de penser aux autres et à la situation des hôpitaux et de tous ceux qui rament à courir après des masques et après les malades, à tendre les bras à tout le monde... Je me dis que si j'avais eu 30 ans de moins j'aurais voulu aller dans la bagarre parce que j'avoue que de rester impavide, dans des situations comme ça, c'est terrible. Parce que ce sont des gens d'un dévouement incroyable et avec les risques qu'ils prennent tous les jours, on ne peut pas ne pas y penser.

Vous avez toujours écrit des chansons sur ce qui vous tenait à coeur...

J'ai beaucoup donné sur ce terrain là, j'ai écrit une chanson qui s'appelait Docteur, où je disais ce que j'avais envie de dire et il y a 10-15 ans une chanson qui s'appelait La petite infirmière et déjà, je soulignais le manque de moyens et le courage qu'il fallait pour faire ça et la bagarre qu'elle vivait au quotidien et je ne pensais pas que la récidive allait me donner cent fois raison. Malheureusement, je pense qu'il faut leur dire (chantonne) "T'en fais pas mon petit loup c'est la vie, ne pleure pas, tu oublieras". J'espère qu'on oubliera tous, parce que c'est vraiment un cauchemar et une récidive serait terrible. 

On a en tête une chanson qui a été censurée au début, c'est Les jolies colonies de vacances, et ça nous donne envie de nous retrouver encore une fois ?

C'est que je souhaite à tous (chantonne) "les jolies colonies de vacances, merci maman, merci papa"... et je pense qu'il y en a beaucoup qui le revivront avec plaisir l'été prochain, car j'espère que tout ça ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Moi qui suis un type qui vais toujours vers les autres depuis tout le temps, j'ai passé ma vie dans des salles, parce qu'il y avait des gens en face de moi qui étaient heureux, et c'est pas fini ! Et ça me manque terriblement : l'isolement, c'est pas mon truc ! Il me tarde vraiment que ça recommence. 

Comment imaginez-vous l'après, Pierre Perret ?

Il y a tellement de décennies qu'on fait les andouilles avec la planète et qu'on la détruit de partout. Je ne sais pas si ça pourra se rapetasser comme ça, mais je pense que par les jeunes, qui sont en train de se réveiller aujourd'hui, et ça c'est très important, les vieux schnoks de ma génération doivent se rendre compte aussi qu'on n'a pas assez ménagé notre terre si précieuse. J'ai beaucoup écrit sur ces sujets et j'ai fait une chanson il y a une dizaine d'années qui s'appelle Vert de colère contre ces pauvres types qui bousillent la Terre. ça m'ennuie d'avoir un discours un peu mélancolique et si triste, mais il est pourtant réaliste et il faut vraiment qu'on arrive à se réveiller et à ne pas se laisser bouffer et à écouter tous les Trump de la planète et les abrutis qui veulent de la production, de la production, de la production. et ce n'est que de la préparation d'une fin et j'espère qu'elle arrivera le plus tard possible parce que ces gens-là nous y préparent, ardemment. Moi je n'ai jamais baissé les bras, je ne baisserai jamais les bras.

Un livre devait sortir le 21 avril... Vos aphorismes.... 

J'étais en train de mettre la dernière main à ce bouquin et puis j'étais en train de répéter avec les musiciens un nouveau récital qu'on allait faire, Pleyel et après,la grande tournée, normalement en 2021... Si on est toujours debout sur nos cannes et qu'on a retrouvé la joie au coeur, voilà !

Il y a une phrase dans ce livre... "Si longue soit la nuit, le jour finit toujours par arriver..." ; on a hâte ! Un message d'espoir pour les auditeurs de fraceinfo ? 

Cette citation est un vrai message d'espoir. parce que je pense que ça ne peut pas être autrement ... "si longue soit la nuit, le jour finit toujours par arriver... Vous avez mis le doigt sur la meilleure citation pour ce moment. La sagacité d'Elodie! Vous êtes menacée de me revoir !