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Le regard d'Etienne Daho sur ses 40 ans de carrière : "Le premier jour (du reste de ta vie)", en 1998, une réponse à la rumeur

Toute cette semaine, Etienne Daho est l’invité exceptionnel du monde d’Elodie. Un tête-à-tête en cinq chansons qui ont marqué sa vie professionnelle comme personnelle. Aujourd’hui, la chanson : "Le premier jour (du reste de ta vie)".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La pochette de l'album d'Etienne Daho "Singles", en 1998 (LEE STRICKLAND / VIRGIN FRANCE)

Étienne Daho passe la semaine avec nous sur franceinfo pour revivre des moments forts de sa vie : cinq jours, cinq chansons. Alors qu’Etienne Daho fête ses 40 ans de carrière, il en profite pour rééditer son premier album Mythomane, tout en soufflant sur les dix bougies de son album Le condamné à mort comprenant un duo avec Jeanne Moreau. Il vient aussi de sortir, il y a quelques semaines, un single inédit, Virus X.  Aujourd’hui, la chanson Le premier jour (du reste de ta vie).  

franceinfo : En 1986, après Mythomane et La notte la notte, sort votre troisième bébé, Pop Satori. Sur la pochette votre regard semble s'adresser à nous, on a l'impression d'être yeux dans les yeux avec vous. C'était votre façon de nous tendre la main ?

Etienne Daho : Cette pochette d'album, c'est particulier. J'avais rendez-vous avec le photographe au Flore, un matin, un peu trop tôt pour moi par rapport à la vie que je menais à l'époque. J'avais dû sortir aux Bains-Douches ou au Palace, je profitais à fond de ma vie de jeune homme qui était en train d'être célébré par la musique. Je ne dormais pas beaucoup, 14 secondes par nuit et je suis arrivé au Flore avec une énorme gueule de bois et c'est devant un chocolat chaud, avec la première cigarette que le photographe a shooté. Il a fait plein de photos et il y avait après une séance en studio, mais c'est celle-là qui paraissait être la plus parlante.

En plus c’était le Flore… Ça racontait un peu ce qui se passait dans ce disque qui était une espèce de fantasme de Saint-Germain-des-Prés. C’était un mélange de plein de choses, de Kerouac, de Saint-Germain-des-Prés, d’existentialisme, de Rimbaud. Ce sont beaucoup de choses de mon imaginaire que j’ai voulu mettre dans ce disque.  

Plus vous avancez et plus vous êtes adulé. On va parler de "Dahomania". Alors pour vous qui souhaitiez garder un morceau de jardin secret, ça va devenir très, très compliqué. On a senti effectivement que vous aviez totalement perdu pied.

Oui. En même temps, je m'amusais. Quand je me revois dans les interviews, on voit que je m'amuse. On voit que c'est un cadeau que je n'attendais pas et que je m'amuse. C'est arrivé après. Je pense que jusqu'au milieu des années 90, j'en ai profité à fond. Tout d'un coup, le fait de faire des disques qui marchaient me donnait la possibilité de faire exactement ce que je voulais, même si j'ai fait exactement ce que je voulais depuis le début, mais ça me donnait la force de dire oui ou de dire merde.

"C'est important quand on est un artiste d'avoir une autonomie et une liberté, et aussi cette chose très agréable qui est que les gens vous font confiance."

Etienne Daho

à franceinfo

Même si Pop Satori a été très, très mal reçu par la maison de disques. Quand on l'a amené après l'avoir enregistré, ils se sont dit : "La poule aux œufs d'or, c'est fini !" Eh bien en fait, finalement, il a marché. On avait organisé une petite tournée aussi, avec des salles très moyennes et on était obligés d'en changer tous les jours, on finissait dans des patinoires, enfin c'était totalement absurde.

En 1992, vous allez créer le projet Urgence. Vous allez réunir 27 artistes pour la recherche contre le sida. Les gains vont s'élever à 12 millions de francs, soit 2 400 000 d'euros, ce qui est énorme. Vous allez essuyer cette rumeur qui vous donnera pour mort du sida. Ça va vraiment vous toucher.

Je ne m'en suis pas trop rendu compte parce que quand on est exposé, on apprend très vite que les gens racontent beaucoup de choses avec beaucoup d'aplomb et on passe au-dessus. Sauf que celle-là s'est vraiment accrochée. Après, je ne pouvais pas tellement dire "Oh non, je n'ai rien". Je connaissais plein de gens qui étaient séropositifs et je ne me sentais pas le courage de me désolidariser. C'était impossible. Et donc, comme je n'ai pas démenti, ça a duré longtemps et c'est surtout devenu une certitude.

Ça a, un petit peu, abîmé la sortie d'un album qui était très important pour moi, Éden. Alors j'ai essayé de faire une petite blague avec un EP que j'avais enregistré avec le groupe anglais Saint-Etienne, que j'avais appelé Reserection. C'était une réponse avec une pochette où j'étais ensanglanté dans l'herbe. J'avais considéré que c'était une réponse humoristique, mais ça n'a pas du tout marché.

En 1998, vous allez publier votre première compilation, Singles, et à l'intérieur, il y a Le premier jour (du reste de ta vie). Cette chanson en dit long aussi sur qui vous êtes.

C'était peut-être inconsciemment une seconde réponse parce que c'était à peu près au même moment que cette rumeur avait quand même complètement gâché la sortie de l'album Éden, qui était pour moi vraiment le meilleur album que j'avais fait. Je m'étais vraiment cassé le cul.

C'était une musique que m'avait donné Sarah Cracknell pour l'album Éden et que je n'avais pas utilisée. Je n'arrivais pas à trouver le texte en français et il y avait une autre chanson dans l'album qui s'appelait Soudain, que je trouvais un petit peu semblable. J'ai donc attendu et en tournée, comme ça, en écoutant la chanson sans arrêt, j'ai trouvé le texte et je l'ai enregistré dans la foulée. Et c'est devenu la chanson qu'on sait.

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