Macha Méril : Michel Legrand a été "ma seule grande histoire d’amour"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, la comédienne et écrivaine Macha Méril pour une nouvelle pièce "Sorcière. Textes de Marguerite Duras" au Théâtre de Poche-Montparnasse à Paris dès le 15 septembre pour une trentaine de représentations.
Cela fait longtemps que Macha Méril avait en tête ce "spectacle très particulier" construit autour de l’oeuvre de Marguerite Duras, qu’elle a longtemps côtoyée. "C’était une chamane" dit-elle, affirmant que l'écrivaine avait une capacité à deviner l’avenir, particulièrement quant à l’émancipation des femmes : "Elle parle de ça comme personne, elle parle surtout de la parole féminine". Ce qui l'amène à évoquer cette nouvelle pièce : "La première parole féminine qui a été brimée, c’est celle de ces pauvres femmes qui sentaient qu’elles étaient écrabouillées par la volonté masculine mais qui n’arrivaient pas à faire mieux que de parler aux arbres, aux animaux, à la mer etc… Et qui finissaient sur les bûchers, quand même !"
Une femme libre
Macha Méril est une femme de tête et elle l’explique par son statut d’enfant d’immigrés. C’est après la Révolution de 1917 que ses parents s’exilent en France et que cette princesse au sang bleu, Ukrainienne par sa mère et Russe par son père, grandit à Rabat au Maroc. Ce déracinement finalement, elle en a fait une force.
C’est une chance d’être une immigrée parce que cela m’a obligée à être mieux que les autres, plus que les autres. Cette liberté (…) en réalité, c’est une sorte de vocation. C’est de ne pas être banale, voilà, je pense que chez les femmes il y a cette vocation d’être premier de cordée.
Macha Mérilà franceinfo
Sa capacité à mener sa barque vient peut-être aussi du fait que son père décède alors qu’elle n’a que 4 ans : "Ça, c’est un dommage". Sa mère revient en France et malgré cette absence, elle hérite de sa noble droiture : "Je l’ai peut-être inventé ce père, je l’ai peut-être magnifié, c’était un aristocrate. Vous savez, la devise de ma famille c’est 'Être et ne pas paraître'. C’est-à-dire on doit tout le temps être un exemple, il faut être impeccable et en même temps, il ne faut pas que ça se voit".
Le mariage Duras-Legrand pas si impossible
Dans Sorcière, Macha Méril prête sa voix aux textes de Marguerite Duras : "Je ne suis pas l’incarnation de Duras". Elle a sélectionné des écrits connus et d’autres plus confidentiels, "qui touchent à l’explosion de la parole féminine. Et en plus, j’ai marié ces textes de Marguerite avec des musiques de Michel Legrand. Alors moins proches que ces deux-là vous ne pouvez pas imaginer. Et bien non". Les connaissant bien tous les deux et en particulier Michel Legrand, elle précise que ce dernier "était très intéressé par les forces occultes qui gèrent l’existence et il n’avait pas du tout peur de la mort comme Marguerite. Marguerite on pensait qu’elle était une intello, pas du tout. Elle était drôle, elle aimait faire la cuisine, elle aimait la chanson populaire comme Michel. Et donc, j’ai fait ce mariage et je vous assure que ça marche d’une façon incroyable".
La femme d'un seul homme
À 80 ans, Macha Méril estime avoir le recul nécessaire pour voir "toute la distance qui m' amenée jusqu'à Michel."
Au fond, toutes mes histoires d’amour ont été des essais pour arriver à Michel. C’est ma seule grande histoire d’amour.
Macha Mérilà franceinfo
Pour elle, ce rendez-vous manqué du temps de leur jeunesse a laissé place à un miracle 50 ans après leur première rencontre. Ils se sont mariés et même si le compositeur est décédé il y a déjà un an et demi, Macha Méril sait qu’il est là : "C’est une autre façon d’être ensemble. Alors évidemment que je préfèrerais qu’il soit à côté de moi et qu’on continue à se marrer comme on se marrait mais c’est pareil, je continue à vivre avec lui".
Macha Méril incarne la joie de vivre avec son éternel sourire, à propos duquel elle affirme que ce n’est pas de son fait et que c’est sa "bouche en chapeau de gendarme" qui donne cette impression. Et toujours cette éducation aristocratique où l’on ne se dévoile pas : "Il ne faut pas que je montre la douleur. Je pense que c’est une forme d’utopie des aristocrates de 'porter beau' et surtout de donner l’exemple".
Aujourd’hui, elle fête ses 80 ans et plus qu’heureuse, elle avoue être juste "intéressée par la vie", et curieuse de l’accueil que le public réservera à son spectacle Sorcière : "une espèce de composition musicale et des mots mais des mots qui en disent long".
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