Musique : "Il me semble qu'il y a beaucoup de confessions ", Cali lâche prise avec son nouvel album
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur, compositeur, interprète et écrivain, Cali. Ce vendredi 14 octobre 2022, il publie un nouvel album, "Ces jours qu'on a presque oubliés".
Cali est auteur, compositeur, interprète, écrivain et comédien. Un rocker atypique, inclassable, un chanteur engagé, concerné par les problèmes de société, qui n'hésite pas à s'exprimer et à élever la voix contre ce qui lui semble être des injustices. Il aurait pu être rugbyman professionnel, mais c'est la musique et sa passion pour celle-ci qui l'ont emporté. Ses chansons Elle m'a dit (2003), Le vrai père (2005), C'est quand le bonheur (2003), Tes yeux (2005) ou encore 1000 cœurs debout (2008) sont devenus des hymnes. Ce vendredi 14 octobre 2022, Cali publie un nouvel album, Ces jours qu'on a presque oubliés.
franceinfo : Ces jours qu'on a presque oubliés, volume 1, c'est 11 titres personnels, comme un cri du cœur pour exprimer ce qui vous habite ?
Cali : Je crois que c'est le 10ᵉ. C'est à chaque fois une photo, un polaroïd de ma vie à cet instant. Et puis là, je me suis retrouvé, comme tout le monde, avec tout qui passe à fond. Pour moi, ça va trop vite. Alors je suis arrivé au studio avec mon pote Julien Lebar et on a réalisé tous les deux... Je lui ai dit : tu sais quoi ? En ce moment, pour me poser, je freine des deux pieds et j'écoute encore plus de Johnny Cash, Nebraska de Bruce Springsteen et puis Bob Dylan et je veux un album à l'os. Et on l'a fait à l'ancienne, un micro à un mètre de moi, mon harmonica, ma guitare et j'ai fait des prises.
Pour cet album, on a gardé les premières prises parce que je ne voulais pas prendre le temps de tricher. On a gardé des petites imperfections qui, je crois, font la vie du truc.
Calià franceinfo
C'est vrai qu'il y a un côté très songwriter, un tête-à-tête avec le public, mais j'ai l'impression que c'est d'abord et avant tout un tête-à-tête avec vous-même.
Oui, c'est vrai. Il me semble qu'il y a beaucoup de confessions. Je me rends compte d'une chose, c'est que c'est important d'avoir des chansons sincères. En tout cas, ne pas tricher parce qu'on va les défendre sur la route longtemps. Et depuis que je les joue sur la route, ce sont de véritables confessions. Quand je dis au public : "J'ai le droit de pleurer ce soir et j'ai le droit de dire que ça ne va pas si bien que ça", ça, c'est troublant pour moi.
J'ai l'impression que c'est aussi un clin d'œil à toutes les femmes qui ont partagé votre vie. Votre maman est décédée, vous aviez six ans. Il y a eu un traumatisme, c'est que vous n'avez pas pu assister à ses obsèques. C'est vraiment quelque chose qui a bouleversé votre vie. C'est une façon aussi de lui rendre hommage ?
Oui. De toute manière, tous les jours, je parle à ma maman et je raconte les jours qu'elle n'a pas vécu. Je lui raconte tous les jours. Evidemment, une maman, il y en a qu'une. Une maman, pour un fils, c'est le premier grand amour. Et un fils pour une maman, c'est le dernier grand amour. Et moi tout ça, c'est à six ans que ça s'arrête et j'en ai voulu beaucoup à ma maman, pendant un certain temps, je pensais qu'elle m'avait abandonné et aujourd'hui, je me dis...
Elle a été terrassée par un cancer foudroyant...
Oui, c'est ça. Mais aujourd'hui, je me dis que c'est la force qui m'anime et pourquoi je vais sur la route et pourquoi j'ai la chance de vivre tout ça. C'est parce que j'exerce quelque chose, une activité qui fait que je crie aux gens : j'ai besoin d'amour tous les jours, et peut-être plus que d'autres.
Cette sensibilité est dure à vivre ou pas ?
Ce sont des montagnes russes, toute la journée. J'ai mon téléphone, là, je regarde et je m'attends à une nouvelle extraordinaire ou un drame dès qu'il y a un coup de fil, alors que 99,9% d'entre eux ne servent à rien. Mais je le vis comme ça ! Et puis, j'ai des très hauts, je peux pleurer dans la journée, c'est comme ça, je le vis, je m'agrippe aux gens.
Je fais confiance beaucoup. Je me trompe pas mal, mais il suffit d'avoir raison une seule fois et c'est gagné.
Calià franceinfo
En tout cas, vous avez décidé de baisser les armes. C'est ce que vous racontez aussi dans cet album, par moments en tout cas. Vous dites dans Un avion de papier : "J'ai déposé les armes à tes pieds". Ça fait du bien de lâcher prise, de lâcher un peu ?
Peut-être que ça fait du bien de l'écrire. Donc, est-ce que je le vis vraiment ? Je n'en suis pas sûr. C'est un point de départ et peut-être qu'à force d'écouter ou de chanter mes chansons, je vais arriver à les déposer ces armes. C'est possible.
On parlait de liberté à l'instant. Est-ce que ça n'a pas été finalement votre quête depuis le début ?
Oui, je suis assez troublé par ça tout le temps. C'est-à-dire que je me dis que s'enchaîner, s'enfermer soi-même dans des chapelles, pourquoi ? Encore une fois, on vit, on meurt. Il faut croquer. Et c'est marrant parce que si je parle de musique, le mot 'liberté', je le ramène à cet instant où j'ai branché la première fois en instruments électriques, gamin, à un ampli. Ça fait un bruit pas possible et je me suis dit : wow, je suis libre, c'est ça !
La musique, c'était évident ? Vous étiez fan et amoureux du rugby. D'ailleurs, ça fera toujours partie de vous, inévitablement. Mais pour que ça prenne le pas sur, ça veut dire que les émotions que vous aviez avec la musique étaient beaucoup plus fortes ?
Je savais très jeune que je voulais être un troubadour et que je voulais avoir plein d'enfants. Je suis troubadour, j'ai quatre enfants et rencontrer des gens et voir le monde par la musique, c'est le langage total. Quand je vais en Irlande et que je joue avec des musiciens traditionnels, on ne parle pas, on fait de la musique. En tout cas, moi, je suis avec eux dans ce berceau incroyable de gens qui jouent et qui perpétuent une tradition pour combattre l'ennemi. C'était Thomas Cromwell, à l'époque, qui affamait l'Irlande, il se battait avec ça. Moi, je leur parle de Catalogne parce que oui, je leur fait écouter Pablo Casals. Mon arrière-grand-père était le photographe de Pablo Casals et lui s'est battu par sa musique contre Franco et les fascismes. Et c'est par la musique que tout se passe et je crois que c'est le chemin que j'ai trouvé le plus fascinant pour assouvir mes fantasmes et combattre beaucoup de choses.
Du coup, que représente cet album pour vous ? Sachant que c'est le volume 1, donc ça veut dire qu'il y a déjà une émotion particulière pour que vous ayez envie d'une suite à cette histoire, "Ces jours qu'on a presque oubliés".
Pour moi, cet album représente exactement où j'en suis aujourd'hui. C'est-à-dire, je freine des deux pieds, je lève la tête, je regarde et je m'émerveille.
Cali est en tournée dans toute la France, ainsi qu’en Belgique et en Suisse. Il sera notamment à Denain le 4 novembre, le 17 à Nantes, le 18 à Rosny-sous-Bois et le 21 à Paris.
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