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Musique : "Mes racines sont entre les Ardennes et Yaoundé", le retour aux sources de Yannick Noah avec son 12ème album

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le chanteur franco-camerounais, joueur et capitaine de tennis, Yannick Noah. Vendredi 21 octobre 2022, il sort son 12e album, "La Marfée".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le chanteur et ancien tennisman Yannick Noah, lors d'un concert à Yaoundé, au Cameroun, le 26 juillet 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Yannick Noah est un chanteur franco-camerounais, mais aussi joueur et capitaine de tennis. Aujourd'hui, il est aussi chef de village au Cameroun. Plusieurs vies dans une même vie, ça pourrait être un adage qui le définit. Il est tout simplement un artiste sportif jusqu'au bout des ongles et sa victoire à Roland-Garros, en 1983, reste gravée dans le cœur des Français.

Depuis 1991, en plus de tout cela, Yannick Noah chante. Il ouvre sa carrière avec le tube Saga Africa. Ont suivi : Simon papa tara (2000), La voix des sages (2001), Les lionnes (2002), Aux arbres citoyens (2007) ou encore Destination ailleurs (2007). Cet ailleurs, on le ressent, ce vendredi 21 octobre 2022, avec la sortie de son 12e album : La Marfée.

franceinfo : Ce nouvel album est un véritable retour aux sources, à votre enfance, avec comme fil rouge ce retour sur les terres de vos ancêtres, le Cameroun. C'est une suite logique ?

Yannick Noah : Oui, voilà, c'est le cours de ma vie, de mon existence. C'est d'être en connexion avec ma petite voix intérieure : où est-ce que je vais ? Et donner un sens à tout ça. Il y a dans ma vie ce départ du Cameroun quand j'ai 12 ans. Je viens en France pour essayer de devenir un champion avec plein de rêves, puis ensuite des enchaînements. Capitaine, comme vous le disiez, toujours en France, une carrière musicale en France et tout d'un coup le besoin de retrouver l'autre partie de moi. Qui est cette partie... Celle de papa, la partie africaine, la partie de mon enfance. Il s'est trouvé que la pandémie a accéléré un petit peu le processus parce qu'effectivement, comme tout le monde, j'ai mis ma vie sur pause. Et puis voilà 60 ans en plus de ça ! Alors maintenant, qu'est-ce qui se passe ?

"C'était comme un appel, c'était évident. Je me suis retrouvé au Cameroun et là, je me suis dit : 'bon, allez, maintenant je me pose ici, ma base'. Et voilà, c'est très riche ce retour au village."

Yannick Noah

à franceinfo

Back to Africa est le titre qui ouvre cet album, La Marfée. C'est un lieu très important à Sedan où se sont rencontrés vos parents dans les années 50. C'est aussi le nom attribué à une école construite par votre mère pour aider à l'éducation des enfants. Cet album, c'est aussi une façon de dire qu'il ne faut pas oublier d'où l'on vient?

Il ne faut pas oublier d'où l'on vient, préserver la mémoire de ceux qui nous ont aidés, de ceux qui ont comptés. C'est ma manière à moi de transmettre à mes enfants l'énergie de tout ce qu'ont pu faire leurs grands-parents ou leurs arrière-grands-parents. C'est très étonnant le parcours. C'est vrai qu'au premier degré, on se dit : "Il a grandi au Cameroun, il est venu en France et puis retourne vers ses 'racines'". Mais en fait, mes racines sont dans les Ardennes et elles sont aussi à Yaoundé. Elles sont entre les deux.

Vous êtes ce mélange !

Ce qui est assez étonnant, c'est que papa jouait au foot à Sedan en professionnel. Et moi, mon rapport avec Sedan, c'est par rapport à papa, le Camerounais.

"Maman a vraiment adoré habiter dans la brousse. Elle trouvait cela très exotique, très chic, alors que pour papa ne pas habiter en ville, c'était un peu la lose. Et c'est assez paradoxal."

Yannick Noah

à franceinfo

Mais c'est maman qui nous avait, avec mes sœurs, fait vraiment aimer le Cameroun et la nature. A un moment où on parle beaucoup de Yannick qui repart en tant que chef au Cameroun, ses racines africaines ou noires. En fait, c'est maman qui m'a fait prendre conscience de ce bonheur de pouvoir vivre dans ces conditions.

Il y a une chanson qui s'appelle Traces. Vous marchez bien sur des traces, vous avez même repris le flambeau. C'était lourd de reprendre le flambeau laissé par des parents très investis dans ce qu'ils ont toujours fait pour les autres ?

Mais souvent, quand les parents essaient de nous guider quand on est mômes, ils nous font chier avec leurs conseils, ils nous font chier avec leur morale. Et puis le temps passe et puis tu grandis et puis, tout d'un coup tu deviens parent. Et tu t'aperçois que ce n'est pas si simple que ça d'être parent. Et puis un jour, les parents partent et on s'aperçoit qu'ils sont partis un peu tôt. Et puis on se souvient des conseils. On se souvient des choses qui nous ont laissé, surtout par rapport aux conversations, aux conseils, aux réactions qu'ils ont pu avoir quand on faisait des conneries ou quand ils nous encourageaient. Et ça, c'est quelque chose qui reste. La trace, c'est vraiment ça. Et parfois, ça peut être même après leur départ, que ça continue. C'est vrai que parfois, on oublie de dire aux gens qu'on les aime et puis tout d'un coup, ils partent et on se dit : "Merde, j'ai oublié". On attend souvent d'avoir un accident pour s'apercevoir que bon bah la vie c'était pas si mal avant. On est sans arrêt en train de se plaindre et donc non on se plaint pas ! Il faut profiter des choses au premier degré, écouter sa petite voix.

Donc la vie c'est maintenant ?

La vie, c'est carrément maintenant. Carrément. Mais surtout quand tu es sur le toboggan comme moi. 62 ans et allez si tout va bien, c'est 10, 15 ans et puis après, ça va être un peu ralenti. Si tout va bien ! J'espère, je signe ces 15 ans encore ! Je regarde ma vie, tout ce que j'ai pu vivre, c'est au passé, donc profiter d'aujourd'hui, de maintenant. Faire ce qu'on a envie. Se rendre compte qu'on a le choix. On oublie trop souvent qu'on a le choix au quotidien.

Yannick Noah est en tournée. Par exemple, il sera le 21 octobre à Maubeuge, le 16 novembre à Thionville, le  24 novembre à Nantes,  le 2 décembre à Trappes, les 12, 13 et 14 décembre à Paris. 

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