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Philippe Chevallier à l'affiche de "Sherlock Holmes et l'affaire du pont de Thor" : "Mon rêve, ça aurait été d'être Columbo !"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le comédien et humoriste Philippe Chevallier. À partir du 1ᵉʳ juillet 2023, il sera sur scène dans la pièce "Sherlock Holmes et l'affaire du pont de Thor", au théâtre de Passy à Paris.
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Le comédien et humoriste Philippe Chevallier en mars 2015 (FREDERIC DUGIT / MAXPPP)

Philippe Chevallier est comédien, humoriste, parfois photographe. Son œil et sa voix ont séduit le public français très tôt, notamment au sein de son indissociable duo Chevallier et Laspalès aux côtés de Régis Laspalès et sur scène au théâtre avec Le Dîner de cons, Panique au ministère et plus récemment avec Les Tontons farceurs, un clin d'oeil à Michel Audiard. À partir du 1ᵉʳ juillet 2023, il sera sur scène aux côtés de Bernard Menez, Fanny Lucet, Pascal Provost dans la pièce : Sherlock Holmes et l'affaire du pont de Thor au Théâtre de Passy à Paris. Une comédie policière d'après l'œuvre de Sir Arthur Conan Doyle.

franceinfo : Une comédie policière, une scène de théâtre. N'est-ce pas une combinaison parfaite pour vous ?

Philippe Chevallier : J'aime beaucoup le théâtre. Alors je dirais que nécessité fait loi et c'est vrai que je regrette d'avoir fait peu de cinéma, mais la vie s'ouvre devant moi. Je n'ai que 67 ans et j'en fais au moins un de moins, donc tout va bien ! C'est vrai que j'adore le cinéma, mais j'adore vraiment le théâtre qui a été ce qui m'a le plus nourri. D'abord le théâtre en duo, ce que j'appelle le music-hall, c'est-à-dire nos sketchs avec Laspalès. Et là, je suis avec un petit jeune qui débute donc un autre duo, c'est Bernard Menez et dans une adaptation assez proche du texte, d'après ce que j'ai compris, de la nouvelle de Conan Doyle qui s'appelle L'affaire du pont de Thor. Sherlock Holmes est très à la mode puisqu'il y a beaucoup de pièces autour de ce personnage.

Quand on regarde bien, cela date de 1922. C'est très étonnant que ça n'ait pas été adapté avant.

Oui, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'adaptations qui ont été faites au cinéma et dans des téléfilms. Il y a eu une adaptation qui a été faite pour la télévision anglaise de cette affaire du pont de Thor qui est une affaire assez compliquée mais rigolote parce qu'elle est un peu en huis-clos et donc c'est très amusant.

"Moi, mon rêve, ça aurait été d'être Columbo, d'être Peter Falk dans 'Columbo'. J'adore tout ce qui est policier."

Philippe Chevallier

à franceinfo

En fait, au départ, il était question que je joue Sherlock Holmes. Et puis Bernard Menez avait très envie de le jouer. Et comme il a justement ce côté un peu statue de l'Île de Pâques, un peu hiératique, avec un nez pointu et il est filiforme, je lui ai dit : "Écoute, mon cher Bernard, fais donc Sherlock Holmes, moi, ça m'amuse aussi beaucoup de jouer Watson, surtout que le chapeau melon me va très bien !"

Je voudrais qu'on parle de ce côté policier. Ça vous a toujours attiré puisqu'après le bac, vous avez fait quatre ans de droit.

J'ai eu un certificat de criminologie parce que j'ai échoué à ma maîtrise tellement j'étais nul. Et c'est vrai que ça m'a toujours intéressé.

Votre père était magistrat, votre mère avait cet humour débordant, communicatif qu'elle vous a transmis, semble-t-il !

Oui, parce que ma mère était drôle volontairement parce qu'elle ne manquait pas d'esprit, mais aussi involontairement, ce qui est encore mieux. Et quand j'entends par exemple Louis de Funès parler de sa mère, c'est exactement le portrait de la mienne.

À quel moment vous avez eu l'intuition que vous étiez fait pour le métier de comédien ?

C'est quand même une forme de vocation, c'est-à-dire qu'on ne choisit pas. Je me rendais compte que je faisais rire mes camarades à l'école tout jeune, que je faisais rire ma famille, que j'aimais prendre la parole. Et d'ailleurs, mon père, qui était magistrat, m'a toujours dit : "Tu finiras sur les planches". Donc il s'en est peut être mordu un peu les doigts quoique non, car il est mort tranquille, mon cher père. Il est mort assez jeune et j'étais déjà au théâtre de Bouvard donc, ça l'avait rassuré.

Je voudrais qu'on parle de cette rencontre avec Régis Laspalès. Ça devient très vite une évidence. Il y a effectivement cette rencontre au cours Simon, cette envie de monter sur scène. Est-ce que ça vous a donné confiance en vous ?

Non. J'oserais vous dire que je commence à peine maintenant, après 42 ou 43 ans d'exercice de ce métier, à avoir un peu confiance en moi ou à être un peu moins traqueur. En fait, il y a une distanciation. On est porté par les événements. Je me rappelle très bien que la différence entre Régis et moi, quand on a vu notre photo sur la vitrine de l'Olympia, notre premier Olympia en 1993, Régis était ravi. Il prenait la façade en photo. Moi, je me disais : est-ce que j'ai bien fermé la porte de chez moi ?

"J'étais à côté du succès. J'en profitais, mais j'étais obsédé par mon travail, par le fait de bien faire et par le fait d'être bien intérieurement."

Philippe Chevallier

à franceinfo

Est-ce que cette fidélité n'est pas lourde à porter finalement ? Je pense notamment à la décision de Régis Laspalès d'arrêter d'un seul coup d'un seul, parce qu'il trouvait que ce duo l'empêchait de faire du cinéma.

Ah non, ça n'a pas été simple. Régis a eu le talent et le mérite d'avoir été pris en main par Laurent Ruquier alors que moi, je suis resté un petit peu dans mon coin. Il a fallu que je me débrouille. Donc j'ai fait un one-man-show, qui n'a intéressé personne parce que tout le monde disait : "Mais il y a le montreur d'ours, mais il n'y a pas l'ours !' En revanche, grâce à Patrick Sébastien, Olivier Lejeune et des tourneurs comme les Lucioles, j'ai pu faire des pièces de théâtre, mais en province.

C'est quoi la suite ? C'est de réussir à convaincre Régis de revenir sur scène. La porte est toujours aussi ouverte ?

C'est-à-dire que la balle est dans son camp. J'ai lancé quelques appels du pied. Je ne désespère pas. Ça me ferait évidemment très plaisir. Mais pour l'instant, le moment présent, c'est l'ami Menez. Et il y a une chose importante aussi à dire, c'est que dans cette comédie policière, il y aura des chansons. C'est une idée de Bernard d'ailleurs, et on va chanter sur des paroles liées aux textes des chansons d'Offenbach.

Et ça donne quoi, des chansons d'Offenbach chantées par vous ?

Comme me répondait Philippe Bouvard quand je lui disais : ne vous inquiétez pas, Philippe, je vais faire mon maximum : "C'est ça qui m'inquiète !"

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