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Pour Sarah Biasini, l’écriture c’est "vraiment la liberté ultime"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, c’est la comédienne et écrivaine Sarah Biasini.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
L'actrice et écrivaine Sarah Biasini, en juillet 2012. (VALERY HACHE / AFP)

Comédienne et écrivaine, Sarah Biasini est le fruit des amours de l’actrice Romy Schneider avec le journaliste italien Daniel Biasini. Elle n’a que cinq ans lorsque sa mère disparaît accidentellement et c’est en se préparant à devenir à son tour maman que l'envie de mettre noir sur blanc son histoire naît dans son esprit. Son titre : La beauté du ciel (Éditions Stock). Un ouvrage libérateur, intime, personnel mais pas confidentiel.

Elodie Suigo : Vous êtes toujours la fille de Romy Schneider et de Daniel Biasini mais vous êtes surtout devenue "la mère de". C'est d'abord pour votre fille que vous écrivez ce livre ?

Sarah Biasini : Oui. C'est pour cette enfant. Cela étant, ça me faisait plaisir parce que j'avais envie d'écrire depuis un certain temps. Donc, je me faisais d'abord plaisir à moi-même j'avoue... C'était un peu égoïste.

Ce livre démarre sur votre grossesse, votre fille n'est pas encore née. Mais déjà vous aviez ce besoin de transmettre, ce besoin de passer à autre chose à la suite de la profanation de la tombe de votre mère. Est-ce que ça a été un vecteur, un déclic pour écrire ces lignes ?

Oui. C'est à dire que quand cet événement de la profanation est arrivé, il a découlé sur une procréation donc une bonne nouvelle. Là, je me suis dit : "Mais c'est un point de départ extrêmement romanesque pour une histoire, pour un livre, et ce serait dommage de ne pas utiliser ce point de départ, ce déclic". Et effectivement, je me retrouve enceinte et je pense comme toutes les mères, tous les parents, tous les pères, avant de voir arriver physiquement l'enfant, on se dit : "La responsabilité est tellement grande, la charge qui va nous tomber sur les épaules" donc j'ai voulu gagner du temps et je me suis demandé : "Alors, qu'est-ce qu'il faut que je lui raconte ? Qu'est-ce qu'il faut que je lui dise ? Comment je vais le faire ? Quel genre de mère je veux être ?" Je me suis dit :" Allez oui, je lui raconte une histoire !"

Cette histoire, c'est la vôtre, c'est celle de votre famille. Il y a un adage pour ouvrir cet ouvrage, il y en a deux très exactement, je vais lire celui de Jacques Higelin : "La mort est le berceau de la vie". Ça en dit long sur ce besoin que vous aviez aussi de préciser certaines choses.

Il n'y avait aucune volonté de régler des comptes ou de "remettre l'église au milieu du village" comme on dit parfois. Je parle de ce qui a trait à cette notoriété.

Que vous détestez d'ailleurs, finalement, vous ne l'aimez pas cette notoriété.

Elle ne m'intéresse pas plus que ça, je m'en contrefiche un peu. C'est d'abord ma mère, je trouve que c'est un parcours magnifique, professionnel, évidemment c'est admirable et je trouve qu'elle est absolument géniale dans son travail. Pour ce livre, ce n'était vraiment pas le cinéma, c'était le rapport à la mère, le rapport à la mienne de mère, le rapport entre ma fille et moi, sa mère, et le rapport avec des mères qui ont fait office de mère pour moi, des mères de substitution.

Sur la couverture de cet ouvrage, il y a une photo, c'est vous et votre mère. Cette photo en dit long sur cet échange que vous avez aujourd'hui avec votre fille, vous vous posez beaucoup de questions. Vous vous dites : "Il va falloir que je l'accompagne toute la vie" comme si elle n'était là qu'à un moment donné. Vous vous posez beaucoup de questions ?

Oui, j'ai des frayeurs mais tous les parents ont des frayeurs et j'en ai peut-être un petit peu plus parce que j'ai vécu ça. Donc je sais que ça peut arriver, les morts brutales, les accidents, donc je suis obligée d'y penser, ça me traverse l'esprit et je me suis dit encore une fois : "C'est un vrai sujet en soi, l'amour maternel qui est angoissé et qui est marqué par le passé".

Vous avez grandi avec votre mère/grand-mère comme vous l'appelez d'ailleurs, paternelle. C'est à elle que vous avez posé les vraies questions, notamment les questions de transmission. Elle vous a aidé à vous construire ?

Oui, bien sûr, elle m'a tout donné. Elle est un personnage à elle toute seule parce qu'elle est la maternité incarnée, elle peut tout donner à ses enfants. Alors elle fait des erreurs mais comme toutes les mères et elle le sait, elle en parle.

Vous revenez d'ailleurs sur son parcours parce qu'il y a eu beaucoup de rumeurs, comme quoi notamment votre grand-mère aurait été une amante d'Adolf Hitler, que vous dégagez d'un revers de main aussi.

Oui, c'est vrai. Je pense que ce sont des questions qui ont tracassé ma mère et je peux le comprendre très bien parce que tous les Allemands qui sont nés après, qui étaient de la génération d'après la guerre, ont beaucoup souffert du passé de leur pays et se sont posés beaucoup de questions, à juste titre, sur leurs parents bien sûr et c'est très normal. Les petits enfants ça les concerne un peu moins.

Ça vous a fait du bien de verbaliser, d'écrire les choses ?

Ce qui m'a fait du bien c'est vraiment d'aller au bout de ce projet et de pouvoir raconter l'histoire telle que je voulais le faire. Pour moi, l'écriture, c'est la liberté ultime parce que d'abord, vous pouvez travailler de n'importe où et puis vous faites ce que vous voulez. Vous racontez l'histoire que vous voulez à votre manière et avec un peu de chance votre éditeur est d'accord et vous laisse tranquille, vous accompagne et vous donne des conseils mais c'est vraiment la liberté ultime.

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