Ski alpin : à l’aube d’une nouvelle saison, Alexis Pinturault a pour objectif principal "de renouer avec la victoire"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l'un des plus grands skieurs alpins français, Alexis Pinturault. Il vient de publier une autobiographie "De l'or au cristal" aux Editions Marabout.
Alexis Pinturault est l'un des plus grands skieurs alpins français, champion du monde du combiné à Are en 2019, il est le seul skieur français de l'histoire à avoir remporté le petit globe de cristal du combiné alpin. Il a aussi remporté le gros globeglobe de cristal en plus du classement du géant en 2021. Il est aussi le quatrième skieur français alpin en France a totalisé trois médailles olympiques après Henri Oreiller, Jean-Claude Killy et Franck Piccard.
Ses deux plus grandes forces sont son mental et sa polyvalence. Il est l'un des skieurs les plus complets du circuit de la Coupe du monde. Alexis Pinturault vient de publier un livre, De l'or au cristal aux Editions Marabout.
franceinfo : De l'or au cristal est une autobiographie écrite à cœur ouvert, sans concession. C'est juste et droit. Est-ce qu'au final vous l'êtes : juste et droit ?
Alexis Pinturault : Je crois être assez juste et assez droit, oui. C'est aussi ce que je raconte un peu dans mon livre. J'ai eu quelques soucis quand je suis arrivé sur le circuit avec les médias notamment, parce que j'étais quelqu'un de relativement honnête. J'avais un peu ce jeune âge où je ne prenais pas assez conscience de certaines choses. Et donc du coup, ça m'a, un peu, joué des tours.
Les premiers mots qui ouvrent le livre sont ceux de votre père. Un souvenir vécu lors de votre finale de slalom géant, juste avant que vous ne remportiez votre globe de cristal. Il avoue avoir vécu ce moment seul dans la forêt et avoir pleuré. Votre père était et reste un héros pour vous depuis que vous êtes tout petit ?
En tout cas, il a le rôle d'un père, c'est-à-dire quelqu'un qui transmet une éducation, énormément de valeurs, du respect. Et puis il m'a toujours inculqué les valeurs du sport et m'a poussé à faire du sport.
Vous affirmez que la compétition permet de connaître ses limites. Avez-vous déjà eu des limites ?
Il y a des sports dans lesquels on va avoir plus d'adrénaline. Le ski en fait partie. Ça n'a jamais été quelque chose qui m'a suffisamment impressionné pour me faire peur ou en tout cas, assez pour m'empêcher d’en faire.
La peur est un sentiment qui est relativement important, qui nous permet aussi d'être alerte et en l’étant, on fait les bons choix, aux bons moments.
Alexis Pinturaultà franceinfo
On a l'impression d'ailleurs, quand on parcourt votre livre, que vous n'avez jamais eu peur, en dehors effectivement d'un accident très grave, celui de David Poisson, qui lui a ôté la vie. On sent que ça, ça vous a vraiment traumatisé.
Oui. Ça a duré un certain temps et je sais que pour d'autres membres de l'équipe de France aussi. J'étais au départ. Et oui, il y avait un sentiment qui était différent. On était passé d'un risque de blessure à un risque mortel et du coup, la perception était différente, l'appréhension était un peu plus exacerbée.
Vous dites que ce n'est pas grave d'échouer quand on s'est donné à 200 %. Ça veut dire que l'échec fait davantage progresser et avancer, selon vous ?
Oui. Dans une carrière, généralement, on échoue beaucoup plus qu'on ne réussit. Sauf que cela se sait moins.
L'année 2019 a été difficile avec, en plus, le Covid-19. Ça vous a beaucoup affecté, ça ?
On était sur la fin de la saison et ça s'est arrêté du jour au lendemain. J'étais en plus à la bagarre pour le gros globe de cristal, sauf que ça s'est terminé un mauvais week-end. Ce n'est pas bien grave...
En 2021, vous revenez, vous frappez très fort : gros globe de cristal, soit le classement général de la Coupe du monde et le classement du géant. C'est difficile de rêver après ça.
En tout cas, on rêve probablement différemment.
En recevant le gros globe de cristal, j'ai senti comme une forme de plénitude, de paix intérieure qui était extraordinaire à vivre parce que j'avais réalisé mon rêve, le rêve de ma carrière. J'avais dit relativement jeune que j'avais comme ambition de potentiellement le gagner et de pouvoir le toucher du doigt, c'était extraordinaire.
Alexis Pinturaultà franceinfo
Dans votre livre, vous parlez aussi de l'organisation des JO et des compétitions internationales, de Pékin et du Qatar. Ça vous heurte qu'on ne prenne soin ni de l'écologie ni d'une certaine forme d'évolution de la planète ?
Oui, c'est sûr que certaines décisions ont été prises il y a longtemps, mais même à ce moment-là, cela paraissait déjà aberrant. Il y a un moment où il faut aussi commencer à réfléchir. Si on ne le fait pas, on sait tous où on va aller au bout d'un moment. Aujourd'hui, il y a déjà des gens qui meurent de faim, de soif sauf qu'on est bien content de fermer les yeux parce que ça n'arrive pas chez nous. On a montré l'exemple pour beaucoup de choses. On fait partie d'ailleurs, certainement, des pays qui ont le plus pollués et donc maintenant, il faut peut-être montrer l'exemple inverse, c'est-à-dire faire des choix qui commencent à être cohérents, qui ont du sens et pour lesquels tout le monde fait des efforts.
Quels sont vos prochains objectifs ?
L'objectif principal, c'est de renouer avec la victoire. Et bien sûr, il y a quand même le point d'orgue qui seront les championnats du monde en France, à Courchevel, dans mon village.
Ça met la pression de se dire que vous allez participer aux championnats du monde à Courchevel avec votre famille ?
Pas spécialement parce que je sors d'une saison un peu compliquée, il faut que je me reconstruise du coup, et je pense que ça assainit ou en tout cas, ça fait prendre pas mal de recul vis-à-vis de la situation. Et la deuxième chose, c'est que je pense que j'ai envie de prendre beaucoup de plaisir sur cette quinzaine. C'est une chance inouïe et je suis parfaitement conscient que ce n'est pas donné à tout le monde, c'est donné à une poignée de gens sur la terre, donc je veux pouvoir en profiter.
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