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Soprano : "Marseille, c'est ma ville, c'est mon sang"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Cette semaine, le chanteur, rappeur et compositeur Soprano. Il se livre en remontant le temps avec cinq de ses chansons incontournables.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Soprano en concert à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 18 juin 2022 (VREL VALERIE / MAXPPP)

Soprano, chanteur, rappeur et compositeur, est devenu en quelques années un incontournable de la scène urbaine et de la variété française. Le symbole que tout est possible si on garde la passion et l'envie comme seuls moteurs.

Il passe cette semaine sur franceinfo et évoque son enfance dans les quartiers Nord de Marseille, son groupe Psy 4 de la rime, sa rencontre avec Akhenaton d’IAM ou encore sa carrière solo, sans jamais se départir de son sourire et de son regard bienveillant sur le monde qui l’entoure.

Plus de trois millions de disques vendus, plus d'un million de spectateurs lors de sa dernière tournée. Une série lui est même consacrée sur Disney + depuis le 15 juin dernier. Six épisodes pour mieux comprendre qui est Soprano, comment il a grandi et percevoir son lien indéfectible avec la ville de Marseille qui a joué un grand rôle dans son processus de création et d'écriture.

Son dernier album, Chasseur d'étoiles, est ressorti augmenté de trois titres inédits.  

franceinfo : Famille comorienne, votre père était l'homme à tout faire sur des pétroliers, votre mère femme de ménage. Malgré les difficultés, la famille, c'était le cap ?

Soprano : Toujours. Ils sont arrivés dans un pays où ils ne parlaient pas bien la langue, avec des métiers très physiques et pourtant, ils ont réussi à élever cinq enfants. Je me dis : mais comment ils ont fait ? Mes parents ont vraiment des exemples et ils prenaient beaucoup sur eux. Du coup, je pense que j'ai un peu hérité de leur force parce que c'est une force.

Vous êtes né Saïd M'Roumbaba. Vous êtes l'aîné de la famille... Le grand frère...

Eh oui, ça ne se voit pas souvent. Beaucoup de gens pensent que mes petits frères sont mes grands frères. C'est rigolo.

Vous avez grandi dans le quartier nord de Marseille, d'abord au Plan d'Aou, puis aux Balustres, et vous en avez fait une force !

"C'était important pour moi de pouvoir montrer que dans les quartiers, on peut construire de grandes choses."

Soprano

à franceinfo

C'est ça. Après, on ne ferme pas les yeux sur tout ce qui se passe dans les quartiers, mais justement, c'est ce qui nous donne un peu le carburant pour pouvoir avancer.

Le rap est arrivé très vite. C'était d'abord une écriture pour pouvoir exorciser ses démons, raconter des choses ?

La première fois où j'ai eu ce contact avec l'écriture, c'est dans la variété française. Le rap est venu par rapport à l'identité. Je regardais vers les Etats-Unis, on voyait du rap, on voyait les séries américaines et je m’y reconnaissais. L'histoire de Arnold et Willy me parlait, je regardais aussi Le Prince de Bel-Air. Et quand on voyait les rappeurs américains qui venaient des quartiers et qui construisaient quelque chose de fort, de grand et mondial, ça m'a beaucoup parlé. Le rap français est arrivé et je suis tombé sur des IAM, MC Solaar et tout ce que j'aimais, moi, de la variété française, avec des textes de Cabrel, de Jean-Jacques Goldman ou de Balavoine m'a amené dans le rap parce que c'était mon identité, moi qui aimais les textes.

Vous avez toujours eu cet esprit de famille et vous allez recréer une famille avec des amis, des cousins aussi avec les Psy 4 de la rime. C'est là que vous allez apprendre à dompter le micro ?

La première fois qu'on a fait un petit concert avec mon groupe, c'était dans mon quartier pendant la finale d'un tournoi de basket. Il y avait un petit camion où il y avait une petite scène pour remettre le Prix. On est arrivés : "Est-ce qu'on peut chanter ?" On avait donné nos petites cassettes et c'est vrai que c'est là que ça a commencé. On a fait plein de concerts, il n'y avait pas internet à l'époque pour se faire connaître. Il n'y avait que les concerts et le bouche-à-oreille qui nous permettaient de pouvoir faire un concert dans un autre quartier ou dans une autre ville.

Il y a un garçon qui va croire en vous très vite, c'est Akhenaton. Il va totalement craquer sur vous, à tel point d'ailleurs qu'il va vous permettre de signer votre premier album sous son label. Ça a été un grand frère nécessaire ?

Mais s'il n'y a pas Akhenaton, IAM qui font ce choix de venir nous voir et nous dire : "Je crois en vous, on sort un disque", peut-être que je ne serais pas là.

Psy 4 de la rime va marcher très vite et en parallèle, vous allez quand même vouloir monter absolument une carrière solo. Pourquoi ?

On a pris l'exemple d'IAM. Ce qui a fait tenir leur groupe, ce sont les solos. Ça leur a permis de pouvoir développer les idées et les styles dont ils avaient envie. Et nous, c'était pareil avec les Psy 4. J'avais beaucoup, beaucoup de morceaux et mon groupe et mes amis m'ont dit : "Vas-y sors-les et dès que tu as fini ton album, on ressort un album de groupe. Après, chacun, à chaque fois, en sortira un et ça nous permettra d'être super contents de nous retrouver sans nous taper dessus à force de se voir comme de vieux couple".

Puisqu'il faut vivre va sortir. C'est vraiment la première marque solo où apparaît vraiment Soprano. Vous vous inspirez d'ailleurs de la série Soprano dans laquelle le héros se confie à une psychanalyste. Plus de 200000 exemplaires vendus, vous comprenez à ce moment-là que vous êtes sur la rampe de lancement ?

Au début, cet album était un album pour me soigner de mes démons, de mes dépressions. J'avais besoin de vider mon sac. Et d'un coup, quand j'ai vu qu'il y avait plein de monde qui vivait la même chose que moi, plein de jeunes qui se reconnaissaient dans mes textes, ça m'a un peu marqué.

"Je ne m'attendais pas à autant de succès avec ‘Puisqu’il faut vivre’. C'est à partir de là et de la chanson ‘À la bien’, que ça a commencé à dépasser les frontières du rap."

Soprano

à franceinfo

C'est marrant parce que À la bien va devenir un hymne de la bonne humeur. En fait, ça va devenir votre hymne aussi et ce qui vous définit le plus !

Encore aujourd'hui, il y a des gens qui me disent : À la bien ! Alors que cela fait je ne sais pas combien d'années que je l'ai faite. Mais oui, ça me définit parce qu'il y a ce côté Marseille. C'est ma ville, c'est mon sang. J'adore Marseille. Et il y a ce côté aussi un peu à la cool, cette envie de pouvoir amener quelque chose de positif.

Et chaque fois, la phrase que les gens disent c'est justement : "On veut faire partie de ce côté positif que tu amènes parce que justement, tout ce qui nous entoure est très négatif ou peut être anxiogène". Donc avec mes équipes et mes amis, c'est un point d'honneur, même quand parfois ça va mal, les gens peuvent me voir sur la scène, mais ils ne le sentent pas. C'est vraiment important pour moi.

Soprano sera en concert en 2023 : le 13 février à Epernay, le 24 à Toulon, le 25 à Montpellier, le 4 mars à Amnéville, les 11 et 12 à Nantes, le 17 à Châteauroux, les 18 et 19 à Dijon ou encore le 6 mai au Stade de France à Saint-Denis.

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