Le monde de Marie. En Tchétchénie, une photo de la star du foot égyptien Mohamed Salah et le président Ramzan Kadyrov fait scandale
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Aujourd'hui, une photo qui fait polémique la veille de l'ouverture de la Coupe du monde de football 2018.
La fête du foot en Russie commence jeudi 14 juin et chaque équipe a pris ses quartiers : les Français à Istra, le Brésil à Sotchi, l’Angleterre à Saint-Petersbourg et les Égyptiens sont à Grozny. Oui, vous avez bien lu : l’équipe d’Égypte est installée à Grozny, capitale de la république russe de Tchétchénie, tenue d’une main de fer par Ramzan Kadyrov, président de cette petite république depuis 2007. Il avait prévu le coup, notez : l’équipe d’Égypte est installée dans un somptueux cinq étoiles de Grozny qui vient tout juste d’ouvrir ses portes pour l’occasion, à deux minutes à pieds de l’Akhmad Arena, tout aussi flambant neuf. Ramzan Kadyrov avait aussi fait valoir que la Tchétchénie étant un pays musulman, et qu' il serait plus simple pour les Égyptiens, en plein ramadan, de trouver de la nourriture halal.
Arrivée dimanche à Grozny, l’équipe égyptienne a eu quelques heures pour se reposer, avant de se retrouver le soir, pour quelques heures d’entraînement, au stade. À l’heure dite, tout le monde se pointe, sauf Mo Salah, la superstar, l’ailier droit du Liverpool Fc, qui se repose encore à l’hôtel. C’est Ramzan Kadyrov qui vient personnellement le sortir du lit, pour le conduire au stade en voiture officielle et faire une entrée triomphale devant 8 000 supporters. Photos, selfies, tout le monde sourit, Kadyrov, Salah, qui a l’air un peu à l’Ouest, et le reste de l’équipe.
Une photo qui ne passe pas
Ceux qui rient moins en revanche, ce sont les associations des droits de l’homme en Russie et surtout en Tchétchénie. Qui ne comprennent pas bien, pour rester poli, le choix de la Fifa qui offre ici à un tyran, disons le mot, une occasion en or, de se faire une publicité d’enfer. La preuve, avec cette séance de photos, par exemple qui a outré bon nombre d’associations et qui ont sommé la Fifa de s’expliquer. Difficile de croire que la puissante fédération du foot ne savait rien de la situation en Tchétchénie, d’autant que les preuves des forfaits de Kadyrov ne manquent pas : assassinats politiques, meurtres de journalistes. Sans oublier la persécution des homosexuels, contraire en cela, au principe de la Fifa, qui condamne toute forme de discrimination. Hier, devant le tollé suscité par la photo de Kadyrov et Salah, la Fifa répondait que le choix d’un site d’entraînement ne signifiait pas une validation du régime politique.
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