Le monde de Marie. Quand les stars se mettent en scène au milieu de la famine pour des causes humanitaires
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Vendredi, les appels de stars pour des causes humanitaires, dont certains à la limite du voyeurisme.
La semaine dernière, on a vu Omar Sy en direct d’un camp de réfugiés rohingyas au Bangladesh lancer un appel pour obtenir de l’aide. La scène fait réfléchir sur le poids des stars dans les crises humanitaires, et sur la forme de leur action. L'appel d'Omar Sy ne remet pas en cause l'engagement des stars dans les causes humanitaires mais nous amène à nous interroger. De certaines images, on se pose cette question : comment les stars peuvent intervenir dans des crises mondiales ?
Bons sentiments et images sans filtre
La forme compte autant que le message. La preuve avec trois clips tournés pour l’ONG Comic Relief, taxés jeudi par les associations humanitaires de "pornographiques". Mais de quoi s’agit-il ? Le premier clip est tourné au Liberia avec le chanteur anglais Ed Sheeran, accablé par le spectacle d’enfants qui dorment dans des barques de pêche sur la plage. La caméra ne quitte pas le chanteur, qui parle ensuite avec un petit garçon. Bouleversé par ce qu’il entend, le chanteur décide d’offrir... des nuits d’hôtel au petit garçon et à quatre de ses amis, avant de repartir.
Le deuxième clip met en scène l’acteur anglais Tom Hardy, qui fait campagne contre la famine au Yémen. Il est en studio et, derrière lui, défilent des images à la limite du supportable d’enfants qui meurent de faim, tandis qu’il fait appel aux dons.
Le troisième clip, enfin, est tourné sur le même modèle que le précédent avec l’acteur anglais oscarisé Eddie Redmayne, qui, de son côté, lance un appel pour lutter contre la famine en Afrique, tandis que défilent, également derrière lui, sur des écrans, des images atroces.
Des stéréotypes sans contextualisation
Disons le tout de suite, il n’est pas question ici de remettre en question la bonne volonté ou la sincérité de ces trois hommes. Le problème, ce qui leur a valu cette étiquette de "pornographie", c’est d’abord ce déferlement d’images terribles sans contexte, sans indice géographique. Et c’est particulièrement sensible dans le clip sur la famine en Afrique, comme si le continent était un seul et même pays, sans explication aucune.
L’autre problème c’est le ton, qui ressemble étrangement à celui de l’homme providentiel, un peu trop souvent blanc. Dernier problème enfin, le manque d’imagination et de créativité flagrant qui nous ramène aux clips humanitaires des années 1970.
La bonne nouvelle, c’est que ces spots, même maladroits, ont quand même rempli leur office. Le clip de Tom Hardy pour le Yémen a récolté 27 millions de livres, et celui pour l’Afrique 65 millions.
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