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Allemagne : après 16 ans de Merkel, une écolo pour remplacer la chancelière ?

Les Verts allemands ont désigné leur candidate à la chancellerie lundi.
Annalena Baerbock espère bien créer la surprise en septembre.

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Annalena Baerbock candidate des Verts, à la chancellierie, en Allemagne. (ANNEGRET HILSE / POOL / AFP)

Annalena Baerbock sera la seule femme candidate à la chancellerie, en septembre prochain. Ces législatives marqueront le départ d'Angela Merkel, après 16 ans au pouvoir.

Elle sort "presque de nulle part", concède Joschka Fischer, ancien ministre des Affaires étrangères (1998-2005), et figure tutélaire des Verts allemands. Toujours abonnée aux seconds rôles chez les Grünen (les Verts), Annalena Baerbock accepte volontiers son rôle de l'ombre depuis 2018. Coprésidente du parti, elle laisse son binôme Robert Habeck, jugé plus charismatique, prendre toute la lumière et préfère analyser. Elle est pourtant essentielle, ses amis du parti écolo la décrivent ainsi : "Annalena, c'est la racine de notre arbre."

Elle annonce sa candidature avant Noël, alors que personne ne l'attend. Les Verts décident de lui faire confiance pour la course à la chancellerie. Plus jeune, elle voulait devenir journaliste mais un stage chez un député européen Vert a changé sa vie et elle adhère au parti en 2005. Elle veut aujourd’hui être "la candidate du renouveau" face aux "candidats du statu quo".

La juriste de 40 ans, spécialiste du droit international, aime peaufiner ses dossiers, travailler ses arguments, elle est par exemple incollable sur la sortie du charbon de la région de Brandebourg ou les questions européennes. Pour le journal allemand Der Spiegel, Annalena Baerbock est "une femme qui veut et peut beaucoup mais qui devrait se détendre un peu." Pas très flatteur.

Si elle n'aime pas être mise sur le devant de la scène, elle trouvera toujours une pirouette pour s'en sortir. Avant d'être en politique, elle était championne de trampoline, triple médaillée de bronze aux championnats d'Allemagne.

Deuxième force politique allemande

Les Verts peuvent-ils réellement gagner la chancellerie ? Ce n’est peut-être pas hors de portée. Le parti est en plein croissance en Allemagne, poussé par les dernières élections européennes où il a obtenu plus de 20% des voix. Les Verts sont présents dans 11 des 16 gouvernements régionaux, et ont été réélus haut la main dans le Bade-Wurtemberg, cœur de l'industrie automobile allemande. Entre 2016 et 2019, le parti a enregistré une augmentation de ses adhérents de 50%.

Annalena Baerbock propose une "piqûre de vitamines" à l'Allemagne : 50 milliards d'investissements pour l’éducation, le soin à la personne, rattraper le retard en matière de haut débit, et la construction d'infrastructures "neutres sur le plan climatique." Des propositions qui séduisent. D’après les sondages des législatives de septembre prochain, les Grünen laisseraient le parti social-démocrate du SPD sur la touche (15-18%), et deviendrait la deuxième force politique d'Allemagne (21-23%), derrière les conservateur de la CDU (26-29%). S'ils ne gagnent pas le poste suprême, les Verts pèseraient donc incontestablement sur le gouvernement de l'après-Merkel. Annalena Baerbock pourrait prétendre à un ministère-clé avec le rang de vice-chancelière.

Un consensus trouvé sur le tard

D'autant qu’en face, le parti de la chancelière est en difficulté. Les conservateurs, déboussolés par le départ de la figure Merkel et fragilisés par un scandale de corruption, ont récemment perdu deux élections régionales. Et ils ont mis des semaines à se mettre d'accord sur le nom du successeur d'Angela Merkel.

Après tant d'années au pouvoir et une popularité souvent élevée, difficile de trouver un remplaçant. Cela se jouait entre le président de la CDU et partisan de la continuité, Armin Laschet, et le président de la CSU, le populaire Markus Söder. Réunion après réunion, les conservateurs se sont déchirés et ils sont parvenus lundi 19 avril à un consensus : ce sera Armin Laschet. Cette guerre interne, qui a montré le manque d'unité à droite, pourrait bien profiter aux Verts. Annalena Baerbock est dans les starting-blocks.

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