"Pèlerinage pénitentiel" : la mission du pape pour réconcilier l’église avec les autochtones au Canada
Le pape François est arrivé dimanche 24 juillet à Edmonton, au Canada, avec une mission : réconcilier l’église avec les autochtones.
Ce voyage est un parcours de guérison, un "pèlerinage pénitentiel". Le pape a insisté sur ces mots dans l’avion qui l’a mené de Rome à Edmonton, dimanche 24 juillet. C’est le déplacement le plus lointain du pape depuis 2019 et malgré ses soucis de santé, il a embarqué en fauteuil roulant.
Si le souverain pontife fait cet effort, une visite de plusieurs jours avec quatre discours et quatre homélies, c’est que l’Église, dont il est le chef suprême, doit enfin trouver le chemin de la paix dans le drame des pensionnats autochtones.
Chers frères et sœurs du #Canada, je viens parmi vous pour rencontrer les peuples autochtones. J'espère que, avec la grâce de Dieu, mon pèlerinage pénitentiel pourra contribuer au chemin de réconciliation déjà entrepris. S'il vous plaît, accompagnez-moi par la #prière.
— Pape François (@Pontifex_fr) July 24, 2022
150 000 enfants envoyés pour les évangéliser
Pour comprendre l’enjeu de ce déplacement, rappelons ce qu'il s’est passé. À partir de la fin du 19e siècle, et jusque dans les années 1990 – c’est-à-dire hier –, 150 000 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans des "pensionnats". Ces pensionnats étaient pour la plupart administrés par l’Église catholique et subventionnés par l’État canadien.
Ces jeunes Amérindiens étaient alors éloignés de leur famille, coupés de leur langue, leur culture et subissaient des violences physiques et psychologique. L'objectif du Canada de l'époque et de l'Église était clair : "Tuer l'indien dans le coeur de l'enfant"... 6 000 enfants sont morts de cette politique d’assimilation forcée.
Le pape reconnait la faute de l'Église
François se déplace maintenant parce qu’il est conscient que l’Église ne peut plus ignorer ce drame. Pendant longtemps, elle a rejeté la faute sur les religieux locaux qui avaient géré ces 130 pensionnats. Mais, l’année dernière, la découverte de centaines sépultures près d’un de ces établissements a fait ressurgir ce douloureux passé et créé une onde de choc.
Justin Trudeau, le Premier ministre canadien a reconnu la "faute" de son pays et s’est excusé – le précédent gouvernement l’avait déjà fait une première fois. Pour ce qui est des excuses, le pape François n’était visiblement pas prêt et avait alors confié à la découverte des tombes sa "tristesse" et son "indignation".
Quelques mois plus tard, lorsqu’une délégation d’autochtones s’est rendue à Rome, il a enfin prononcé les mots tant attendus : le souverain pontife a demandé "pardon à Dieu" et s’est dit "désolé".
Aujourd'hui, le pape fait le déplacement sur les traces de ce drame : il va rencontrer des survivants et approcher l'horreur. Les autochtones attendent beaucoup de ses discours, notamment de nouvelles excuses. Ils espèrent aussi que les objets saisis par l'Église pendant cette période leur soient rendus et aimeraient avoir accès aux sites près des pensionnats pour faire des fouilles. Pour les victimes comme pour leurs descendants, ce n'est qu'un début.
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