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Bruxelles veut réduire de 15% la consommation de gaz dans l'Union

Comment se préparer à vivre sans le gaz russe ? La Commission européenne a présenté aujourd'hui ses propositions pour faire baisser la consommation dans l'Union de 15% d'ici à mars 2023.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un brûleur allumé symbolise le gaz russe. (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)

Si la Russie ferme complètement le robinet, l'hiver s'annonce difficile. Faire des stocks, se fournir auprès d'autres pays, ça ne sera pas suffisant. Demain, notre gaz viendra davantage de Norvège, d'Algérie ou d'Azerbaïdjan, les contrats sont signés ou en train de l'être, mais on n'arrivera jamais au 145 milliards de mètres cubes fournis par la Russie. Le développement des énergies renouvelables et le gaz naturel liquéfié ne compenseront pas tout. Il faut jouer sur d'autres leviers, et donc se serrer la ceinture.
Entre août 2022 et mars 2023, Bruxelles aimerait faire baisser la consommation de 15% sur l'ensemble de l'Union européenne par rapport à la consommation moyenne des 27 au cours de ces mêmes mois pendant la période 2016-2021.

Moins de chauffage et moins de clim

Les pays de l'Union seront tenus de mettre à jour leurs plans d'urgence d'ici fin septembre afin de montrer comment ils comptent atteindre cet objectif. Les recettes sont connues : dans les entreprises, les bâtiments publics et les locaux commerciaux, on fait comme à la maison, on baisse le chauffage. 19°C  maximum. On ne fait pas non plus trop travailler la clim, 25°C minimum.

La Commission propose aux États de lancer de grandes campagnes d'information pour sensibiliser les particuliers, de mettre en place des incitations financières pour aider les industries à passer à d'autres combustibles, biomasse ou biométhane de préférence plutôt que pétrole,  histoire de ne pas accélérer en plus le réchauffement climatique. Mais nécessité fait loi. Des générateurs d'appoint au diesel devraient par exemple être capables de prendre le relais dans les centrales électriques "pour au moins cinq jours". Enfin Bruxelles met le paquet sur le nucléaire : la Commission devrait proposer aujourd'hui aux Etats qui veulent renoncer à l'atome de reporter la fermeture de leurs centrales.

Dans un premier temps, chaque État pourrait se fixer volontairement un objectif. Mais si l'Europe était confrontée à une rupture brutale, complète de ses approvisionnements, Bruxelles aimerait que cet objectif devienne juridiquement contraignant... À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle.

Les diplomates européens se réuniront vendredi 22 juillet pour discuter du plan de la Commission, qui pourrait être modifiée avant sa publication, en vue d'une approbation le 26 juillet lors d'un conseil européen des ministres de l'Energie. Cette disposition ne fait pas l'unanimité. Les pays qui dépendent peu ou pas du gaz russe ne sont pas très chauds, alors que ceux qui ont déjà réduit leur consommation comme l'Allemagne estiment que leurs efforts devraient être pris en compte.

Après un arrêt de dix jours pour maintenance annuelle, les livraisons de gaz par le gazoduc russe Nord Stream 1 vers l'Allemagne devraient normalement reprendre le 21 juillet. Vraisemblablement à un niveau inférieur à la capacité maximale. Moscou fournissait 40% du gaz de l'Union européenne avant son invasion de l'Ukraine, mais les flux vers l'Europe sont depuis tombés en dessous de 30% de la moyenne 2016-2021.

Le gaz, comme une arme

L'idée de Bruxelles c'est d'adresser un signal fort de sobriété énergétique. Car la Russie utilise le gaz "comme une arme" contre l'UE, en réduisant drastiquement ses approvisionnements, accuse la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Si le pire se concrétise, les européens devrons être prêts. "Il faut maintenant prendre des mesures extraordinaires et rapides" dit la Commission, qui juge qu'il sera toujours moins coûteux de réduire la demande de gaz que d'être frappé par une rupture d'approvisionnement. Si la Russie cessait complètement ses livraisons, la croissance en serait affectée : l'économie de l'Union pourrait perdre 1,5% du PIB, 6% dans certains pays d'Europe de l'Est.

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