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Comment l'attaque du Hamas contre Israël peut servir les intérêts de Vladimir Poutine

La guerre entre le Hamas et Israël pourrait détourner l'attention de la communauté internationale du conflit en Ukraine. Cette attaque marque de plus, selon le président russe "l'échec" de la politique américaine au Moyen-Orient.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le président russe, Vladimir Poutine, au Kremlin, à Moscou, le 9 octobre 2023. (MIKHAIL METZEL / POOL)

Bien sûr, il est loin d'être le personnage principal de ce drame qui se joue en Israël. Mais depuis un an et demi, on sait que la priorité stratégique du président russe est de saper le soutien international à Kiev, de détourner l'attention du camp occidental et de décourager les Ukrainiens de se battre jusqu'à la victoire. Et ce conflit qui surgit au Proche-Orient lui offre une opportunité inespérée.

C'est évidemment un hasard, mais l'attaque du Hamas a eu lieu samedi 7 octobre, le jour où Vladimir Poutine fêtait ses 71 ans. Ce qui fait dire à un diplomate européen cité par le journal Politico : "il ne pouvait pas avoir de plus beau cadeau d'anniversaire". Moscou parie sur le fait que la priorité numéro 1 sera d'éteindre le feu en Israël, et que plus cette guerre durera, plus Kiev aura du mal à obtenir des missiles Patriot, des obus ou des batteries de défense antiaériennes. Rien ne dit que les Européens et les Américains seront capables de gérer simultanément deux crises d'une si haute intensité. Scénario qui inquiète au plus point le président ukrainien.

Les alliés de l'Ukraine tentent de rassurer


L’ambassadrice américaine à l’OTAN, Julianne Smith, répétait mardi, façon méthode Coué, que le renforcement de l’aide militaire de Washington à Israël n’aurait aucune conséquence sur le soutien à Kiev (alors que de plus en plus de républicains radicaux veulent arrêter les financements). À eux seuls les États-Unis fournissent la moitié de l’aide militaire à l'Ukraine et la Maison Blanche évalue la prochaine rallonge à 24 milliards de dollars.

Même mantra côté européen : "nous sommes aux côtés du peuple ukrainien aussi longtemps que nécessaire" dit le porte-parole de la commission Éric Mamer, "Bien sûr, la Russie essaie d’utiliser tout ce qui se passe sur la scène internationale soit pour alimenter l’instabilité, soit pour renforcer sa campagne contre l’Ukraine, mais cela ne signifie pas que l’attention de l’Union européenne s’est détournée de l’Ukraine", ajoute-t-il.

Les ministres de la défense de l’Alliance atlantique se réunissent justement à Bruxelles mercredi, en présence du président ukrainien, qui n'était pas annoncé. Il s'agit de faire le point sur les livraisons d’armes et les besoins de Kiev pour la poursuite de sa contre-offensive et la fourniture de moyens antiaériens avant l’hiver. L’an dernier, la Russie avait ciblé pendant des semaines les infrastructures ukrainiennes, privant de façon répétée la population d’électricité et de chauffage.

La Russie se frotte les mains

Face à l'embrasement en Israël, Vladimir Poutine se frotte les mains et se fait un plaisir de souligner "l'échec" de la politique américaine au Moyen-Orient - comme souvent à Moscou le regard se tourne vers Washington lorsqu'il s'agit de trouver un coupable. Les États-Unis sont jugés responsables de la situation car ils ont "monopolisé le dossier", en tentant de faire pression sur les deux parties. La Russie, elle, parle à la fois à Israël et au Hamas et revendique une posture neutre.

Recevant Mohammed Chia Al-Soudani, le Premier ministre irakien, le président russe a expliqué qu’il était nécessaire de résoudre la question de la création d’un État palestinien souverain.

Interrogé lors de son briefing quotidien, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, assure de son côté que "l’opération militaire spéciale est un processus indépendant" et que "tout se déroule selon le plan prévu. Nous avons répété à plusieurs reprises que le processus consistant à doter le régime de Kiev d’armes va entrer (...) dans une phase descendante. Cela va irrémédiablement se produire parce que les opportunités ont leur limite, l’argent tend à manquer, de nouveaux besoins apparaissent, tout comme la fatigue émotionnelle et les questions justifiées sur comment l’argent des contribuables est dépensé. Nous observons ce processus", détaille le porte-parole.

Et comme tous les arguments sont bons pour discréditer l’Ukraine, l'ancien président Dmitri Medvedev accuse je cite "ces crétins" d'Américains "d'avoir fourni à Kiev des armes qui se retrouvent aujourd'hui entre les mains du Hamas". Volodymyr Zelensky lui assure sur France 2 que c'est au contraire la Russie qui "soutient les opérations" du mouvement islamiste. Dans un cas comme dans l'autre, aucune preuve, juste une caricature... mais qui dit tout de ce que chacun a à perdre ou à gagner dans le chaos du Proche-Orient.

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