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Débat de l'entre-deux-tours : Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'opposent sur l'international

Les questions internationales étaient placées en deuxième position dans le déroulé du débat, juste après le pouvoir d'achat. 

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Le débat télévisé Marine Le Pen du Rassemblement national et Emmanuel Macron de La République en marche, dans un café parisien, le 21 avril 2022. (- / AFP)

Le clivage était manifeste sur la Russie et l'Europe durant le débat télévisé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les deux candidats à la présidentielle. Le drame des civils ukrainiens littéralement massacrés par les troupes russes est rapidement évacué et très vite, le débat se focalise sur les liens entre Marine Le Pen et la Russie. Sujet sur lequel Emmanuel Macron se montre particulièrement offensif. Immédiatement, il accuse. "Vous avez été, dit-il, l'une des premières responsables politiques européennes, dès 2014, à reconnaître (...) l'annexion de la Crimée. Et vous l'avez fait parce que vous dépendez du pouvoir russe, vous dépendez de monsieur Poutine."

Le chef de l'État sort sa formule choc, reprise partout après le débat : "Vous ne parlez pas à un autre dirigeant, vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie". Référence à un prêt contracté par le Front national auprès d'une banque proche du pouvoir. Et il insiste, voilà pourquoi "vous ne pouvez pas défendre correctement les intérêts de la France".

La candidate s'était visiblement préparée à cette attaque, pour sa défense elle déplie une feuille et relit l'un de ses tweets publié en 2014 dans lequel elle assure avoir critiqué la Russie. C'est un peu maigre (d'autant que si on regarde de près les votes des 19 députés RN au Parlement européen, on voit qu'ils ont toujours défendu Moscou, ce n'est qu'après l’invasion de l'Ukraine qu'ils ont commencé à modérer leur positions).

Mais Marine Le Pen ne veut pas se laisser destabiliser, elle riposte : "La Crimée n'a pas dû vous poser énormément de problèmes non plus puisque vous avez reçu monsieur Poutine en grande pompe à Versailles" puis "à Brégançon sur votre lieu de vacances". Réponse : "Je l'ai reçu comme un chef d'Etat mais pas comme un banquier". Emmanuel Macron revient sans cesse sur cette image, l'échange s'éternise et les deux journalistes ont bien du mal à y mettre fin.

Autre sujet de tension entre les deux candidats, le rapport à l'Union européenne. Sur cette question, on s'est presque cru revenus cinq ans en arrière. En tout cas, Emmanuel Macron a systématiquement ramené sa rivale à son programme de 2017. A l'époque, Marine Le Pen voulait sortir de l'euro, c'était vraiment la pierre angulaire de son programme. Elle a changé son fusil d'épaule, mais au nom de la souveraineté nationale, elle réclame toujours des réformes "profondes" pour "faire émerger une alliance des nations", dans laquelle la France, comme les autres, défendrait d'abord ses intérêts.

Sur ce point là encore le chef de l'État l'attaque de manière frontale : "Vous mentez sur la marchandise, dit-il, vous portez un projet qui ne dit pas son nom, mais qui consiste au fond à sortir de l’Union européenne". "C'est faux !", répond la députée du Pas-de-Calais "Ne tombez pas dans le complotisme". Marine Le Pen une fois de plus sur la défensive, répète à plusieurs reprises ne vouloir sortir de l’Union européenne ni de l’euro. Le chef de l'État clot la discussion par une nouvelle pique : "J'en conclus donc que vous avez changé 80% de votre programme, dit-il, c’est une bonne nouvelle par rapport à il y a cinq ans".

Marine Le Pen accuse son rival d'être trop : “européaniste""La France, dit-elle, est une puissance mondiale, pas seulement une puissance européenne. Vous avez une vision rabougrie de la France." Sourire moqueur et nouvelle critique du chef de l'État qui lui renvoie l'argument : "C'est votre projet qui est un projet de rétrécissement, attentatoire à l'universalisme français. Moi, j'ai une ambition et j'ai fait avancer les choses avec nos partenaires européens. On peut décider de ripoliner tout seul la façade, mais l'Union européenne est une copropriété. Et dans une copropriété, vous ne pouvez pas dire du jour au lendemain, 'ça s'appelle comme j'ai décidé parce que je m'appelle madame Le Pen'."

En 2017 on avait eu droit à "la poudre de perlimpinpin", en 2022 bienvenue à "ripoliner", un mot qui a beaucoup intrigué les internautes mais qui, pas plus que Gérard Majax, ne séduira les plus jeunes des électeurs.

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