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Discours sur l'Ukraine, avec Taïwan en arrière-pensée : pourquoi la Chine hausse le ton contre les États-Unis

Un an après le début de l’invasion de l’Ukraine, Pékin lance une offensive diplomatique. Principaux visés : les Etats-Unis.
Article rédigé par franceinfo - Fréderic Says
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Wang Yi, patron de la diplomatie chinoise. (ALEXANDER NEMENOV / POOL)

Wang Yi, le patron de la diplomatie chinoise a été reçu mercredi 22 février à Moscou, en personne, par Vladimir Poutine. Wang Yi : retenez bien ce nom, on risque d’en entendre parler ces prochaines semaines. Car la Chine, jusqu’ici volontairement en retrait sur le dossier ukrainien, a décidé de s’affirmer, de se faire entendre, de faire valoir ses positions.

Une offensive diplomatique en deux temps. Sur la guerre en elle-même d’abord, Pékin tente de se présenter en médiateur. La Chine compte proposer un plan de paix, une "solution politique" cette semaine. Problème : Kiev affirme ne pas avoir été consulté par le gouvernement chinois à ce sujet. Le deuxième temps de l’offensive, c’est un discours véhément contre les États-Unis. Dans un document diffusé cette semaine, la Chine accuse Washington de vouloir “constamment s’étendre par la force”, en prenant pour exemple les interventions militaires "en Irak, en Afghanistan, en Libye". et le document cite aussi l’Ukraine.
Autant d’éléments qui rappellent la rhétorique de Vladimir Poutine, dans son discours d’il y a deux jours. Sur Twitter, la diplomatie chinoise qualifie les États-Unis de "premier pays au monde " en termes d’espionnage et d’infractions au droit international. 


Ce n’est pas nouveau que la Chine le pense, mais c’est nouveau qu’elle le dise, encore plus sur ce ton et dans ce contexte. On parlait d’une “offensive diplomatique” ; en l’occurrence, on est plus près de l’offensive que de la diplomatie. 

Pourquoi cette tonalité plus véhémente dans le discours chinois ?


La Chine sait que son discours est difficilement audible en Occident mais ce n’est pas le cas dans le reste du monde. Il existe une différence de perception. Un sondage réalisé sur plusieurs continents le montre. Par exemple, près de 50% des Turcs considèrent que la Russie est “un partenaire nécessaire” avec qui il faut coopérer, selon une étude menée par le think tank ECFR. La moitié des Indiens interrogés considèrent que Kiev doit renoncer à certains territoires si cela permet d’arrêter la guerre au plus vite. Ressenti similaire au Brésil, où le président Lula refuse de prendre parti pour l’Ukraine. 

Bref : à côté d’un Occident uni sur la question ukrainienne, d’autres régions du monde sont beaucoup plus réservées. Et puis il y a ce qui se joue au-delà de l’Ukraine. La Chine espère bien affaiblir la domination américaine. Avec une autre idée en tête : Taïwan. Cette île que Pékin considère comme son territoire, alors que les Etats-Unis veulent au contraire garantir son indépendance. Taïwan vient d’ailleurs d’annoncer un renforcement de ses liens militaires avec Washington. 

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