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Election présidentielle au Brésil : la recette de Lula pour gagner face à Jaïr Bolsonaro

Au Brésil, la campagne présidentielle débute mardi. L’élection aura lieu le 2 octobre et tous les sondages donnent pour l’instant Bolsonaro perdant face à l’ancien président, Lula.

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Luiz Inacio Lula da Silva, candidat à l'élection présidentielle au Brésil. (MIGUEL SCHINCARIOL / AFP)

Lula le revenant, Lula l’indestructible. Lula et son histoire… unique. Il y a cinq ans, il était encore en prison pour corruption. La justice l’a depuis blanchi. Et aujourd’hui, il est largement devant le président populiste sortant, Jair Bolsonaro : entre 12 et 18% d'avance.

Luiz Inacio Lula da Silva a une recette pour gagner. À 76 ans, il a tout vécu : le succès, la chute, la mort de deux épouses, d’un fils, la pauvreté, la lutte, et l’expérience qui vaut de l’or. Il y a exactement 20 ans, il devient président pour la première fois. Ouvrier métallurgiste de gauche, fondateur du parti des Travailleurs, surnommé le "père des pauvres", il s’allie alors à un homme d’affaires militant du parti libéral, "À l’époque, ce choix avait envoyé un message au milieu d’affaires et aux conservateurs qui montre que Lula veut essayer de se modérer et veut faire une politique conciliante", explique Gaspard Estrada, spécialiste de l’Amérique latine à Sciences-Po. C’est un succès.

20 ans plus tard, face à l’outrance de Bolsonaro qui menace la démocratie et met en doute le système électoral brésilien, il reprend la même recette : il nomme un colistier de centre droit, Geraldo Alckmin. "Proche des milieux d’affaires et de l’agri-business – ces grands groupes industriels qui soutiennent Bolsonaro –" Geraldo Alckmin a été l’adversaire de Lula en 2006, rappelle Gaspard Estrada. L’ancien président est également soutenu par "10 partis politiques allant de l’extrême-gauche au centre-droit". Le message est clair : Lula sera le candidat de la raison, de l'ouverture et surtout, de la défense de la démocratie, mise à mal depuis quatre ans.

Le souvenir des années fastes

"Lula est clairement favori", explique Gaspard Estrada, "mais le lancement de dernière minute des politiques sociales à visée électorale de Bolsonaro vont avoir un impact. La question est de savoir lequel ?", minimise le spécialiste. Ce qui est également important, c’est le taux de rejet de Bolsonaro, "aujourd’hui, plus de 50% des Brésiliens rejettent l’action gouvernementale de Bolsonaro."

Pour gagner, Lula peut compter sur ce désamour, mais aussi sur son propre aura. Il a déjà été président pendant deux mandats, donc les électeurs savent pour qui ils vont voter. Lula joue sur les années dorées qu’il a vécues à la présidence, lorsque le pays avait un taux de croissance de 7,5%, boosté par l'essor des matières premières. "Ce qu’il dit en substance", analyse Gaspard Estrada, "c’est : j’ai réussi à redresser le pays une fois, je peux le refaire ?"

Un programme à détailler

Qu’en est-il de son programme ? Là aussi, le héros de la gauche brésilienne joue avec les bons souvenirs du passé. "Entre 2003 et 2010, il a maintenu un cap très social, avec une politique de lutte contre la faim notamment", note Gaspard Estrada. Durant ses mandats, 30 millions de Brésiliens sont alors sortis de la misère et lorsqu’il a quitté le pouvoir, il avait un taux de popularité de 87%.

Lula promet aujourd’hui de préserver l’environnement, surtout l’Amazonie. Depuis que son adversaire est au pouvoir, cette forêt essentielle à la planète meurt. "Les chiffres officiels montrent aussi que depuis l’arrivée au pouvoir du président Bolsonaro", note Le Monde, "la déforestation annuelle moyenne en Amazonie a augmenté de 75% en comparaison avec la décennie précédente". Lula veut parvenir à une déforestation de 0%.

Il souhaite aussi un renouveau de la politique sociale et donner une image plus positive du Brésil sur la scène internationale. Vu les sondages, il a des chances de l’emporter "mais il doit encore donner des détails sur sa politique économique", tempère Gaspard Estrada. "Lula regarde un peu trop le passé et ses années fastes et devrait commencer à se projeter plus sur l’avenir."

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