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En Allemagne, après les inondations, la tempête politique menace le successeur d’Angela Merkel

Les inondations qui ont ravagé l’ouest de l’Allemagne sont intervenues en pleine campagne électorale pour remplacer Angela Merkel. Et ce weekend, le favori a fait une gaffe qui pourrait lui coûter cher.

Article rédigé par franceinfo, Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le chef de file des chrétiens-démocrates (CDU), Armin Laschet,  rit aux éclats pendant un discours d’hommage aux récentes victimes des inondations, prononcé par le président, Franck-Walter Steinmeier à Erfstadt (Allemagne). (MARIUS BECKER / POOL / AFP)

Quand on prétend à remplacer Angela Merkel, il faut savoir se contrôler. Samedi 17 juillet, alors que l’Allemagne réalise qu’elle vit les inondations du siècle, le président Steinmeier se rend dans l’ouest du pays, ravagé. Il prononce un discours, et derrière lui, Armin Laschet, candidat conservateur à la chancellerie, rit. Mais pas un petit sourire, il rit aux éclats, presque hilare alors qu’il parle à ses collaborateurs. Cela n’a rien à voir avec les mots du président en plein discours d’hommage aux victimes, mais ces images sont reprises sur Twitter et ne font pas du tout rire les Allemands. Ils trouvent cela "indigne, dégoûtant, inacceptable et impardonnable".

Une gaffe qui pourrait rebattre les cartes des élections ?Cela va en effet peut-être réduire l’avance d’Armin Laschet. Avant ce déplacement assorti d’une boulette, le conservateur était en tête. Dix points d’avance sur la seconde, la leader des Verts, Annalena Baerbock. 30% d’intentions de vote pour la CDU, 20% pour les Grünen et 15% pour le SPD. Et pour éviter la tempête politique, Armin Laschet s’est excusé dès samedi soir. Ce rire est : "inapproprié et j’en suis désolé" a-t-il déclaré.

"L’électorat allemand est certes âgé et conservateur. Mais la proximité de la catastrophe émeut et effraie tout le monde", note un politologue interrogé par Libération. Cette gaffe pourrait détourner certains électeurs indécis vers une autre candidate : celle du parti écolo.

Urgence climatique

Ces inondations ont remis l’urgence climatique au cœur des débats de la campagne électorale. Jusqu’à présent, Armin Laschet est plutôt resté vague sur le sujet et a manqué de clarté sur sa politique climatique. Président d’une région productrice de charbon et proche des lobbies automobiles, il a désormais la pression de l’opinion publique et d’Angela Merkel. La chancelière, qui quitte son poste en septembre après 16 ans au pouvoir, a fait un discours inhabituel dimanche. Elle s’est dite "choquée" par les dégâts "surréalistes" de ces inondations. Elle a appelé à accélérer la lutte contre le changement climatique.

Mais n’est-ce pas trop tard pour la CDU d’Armin Laschet ? Car ce combat pour sauver la planète, les Verts l’ont entamé il y a bien longtemps. Et si Annalena Baerbock était en difficulté dans les sondages jusqu’à la semaine dernière, minée par tout un tas de polémiques, elle pourrait bénéficier de cette tragédie. Elle qui, à cause du Covid, n’arrivait pas à imposer des débats de fonds à ses concurrents, pourrait avoir trouvé malgré elle, un nouveau souffle.

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