En Belgique, des drones pour transporter du matériel médical entre hôpitaux
C'est une première européenne : mardi 23 août, un drone a servi à transporter des échantillons médicaux entre deux hôpitaux à Anvers, en Belgique. Test réussi pour une généralisation possible dès 2024.
Le voyage a été rapide : quatre minutes pour parcourir les 800 mètres à vol d'oiseau qui séparent les deux hôpitaux anversois. Sous le drone (et son chassis assez massif couleur jaune vif), un tube hermétique et dans le tube, un petit flacon contenant des cellules, des tissus humains.
Première européenne à Anvers: un transfert médical effectué par drone https://t.co/TlW4fn5X5g
— Georges-Pierre Tonnelier (@GP_Tonnelier) August 24, 2022
L'objectif c'était de les transférer le plus vite possible au laboratoire spécialisé de Sint-Augustus, pour les faire analyser. Le 23 août il y a eu au total quatre vols tests entre le Réseau hospitalier anversois ZNA et les GZA Ziekenhuizen (qui doivent fusionner en 2024 pour former un ensemble de 13 sites), succès total à la fois pour les médecins et pour la start-up flamande Helicus qui cherche à développer ce type de transport.
Deux fois plus rapide
Le drone évidemment ne connaît pas les embouteillages (en tout cas pas encore); pour les hôpitaux cela irait au moins deux fois plus vite qu'un trajet en voiture. Els van Doesberg, présidente de ZNA, explique qu'"en cas de trafic fluide, une voiture met 21 minutes pour parcourir les 13 km qui séparent le site Jan Palfijn de ZNA du laboratoire central de Middelheim, mais cela peut être bien plus en cas d’embouteillages sur le ring d’Anvers. Avec le drone, c’est 10 minutes, et c’est stable."
Chaque année, les quatre laboratoires du réseau qui s'est prêté à cette expérimentation doivent traiter 1 200 échantillons, quasiment toujours dans l'urgence. Pour vérifier par exemple qu'il a bien retiré une tumeur cancéreuse, le chirurgien prélève un peu de tissu et il doit avoir la réponse dans les trente minutes maximum pour savoir s'il doit poursuivre son opération – et le laboratoire le mieux indiqué n'est pas forcément dans les locaux.
"Face à l'augmentation des coûts des systèmes de santé, des services techniques médicaux onéreux comme des laboratoires peuvent être centralisés au même endroit", permettant aux hôpitaux voisins d'acheminer leurs échantillons, explique à l'AFP Mikael Shamim, PDG de Helicus. Or, "le grand avantage des drones est de combiner la vitesse, en réduisant le temps moyen de transport, et la régularité, qui garantit la fiabilité logistique". Le drone est opérationnel 95% du temps. Seules de très fortes rafales de vent et le gel peuvent le clouer au sol.
Réglementation européenne en 2023
Ça n'a pas pu se faire avant pour des questions de réglementation. Helicus est la seule entreprise européenne à avoir arraché l'autorisation d'organiser des vols à des fins médicales, au-dessus d'une ville (normalement c'est interdit, en Belgique comme en France) et surtout avec des drones pilotés à distance. Une première expérience a eu lieu en 2019, il n'y avait pas eu de suite. Mais l'an prochain un nouveau texte européen doit mettre un peu d'ordre dans ce secteur, pour harmoniser les différentes catégories de drones, clarifier les conditions de vols et faciliter le transport médical.
Une trentaine d'hôpitaux en Belgique sont intéressés, des vols réguliers pourraient avoir lieu dès 2024 pour tous les échantillons destinés à l'analyse (tissus, échantillons d'urine ou prises de sang).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.