En Espagne, d’un mausolée au cimetière municipal, le transfert du général Franco
La planète tourne et jeudi nous posons le doigt à Madrid, en Espagne.
C’est une leçon intéressante pour quiconque s’apprête à devenir dictateur. Quand on est dictateur, il faut penser à l’après. Pas seulement à la mort, mais à après la mort. Le général Franco n’avait pas imaginé que presque 45 ans après sa mort à Madrid, il allait falloir exhumer son cercueil et le transférer dans un lieu plus modeste. Car Franco et sa famille avaient vu grand. Après tout, le vainqueur nationaliste de la guerre d’Espagne resté au pouvoir de 1939 à 1975 se disait peut-être qu’un mausolée était digne de sa puissance.
Franco est encore jusqu’au jeudi 24 octobre dans le mausolée de marbre de la vallée de Los Caidos, à une cinquantaine de kilomètres de Madrid. Or il s’agit depuis 2007 d’un lieu de commémoration, où sont enterrés justement des victimes de la guerre civile. Depuis plusieurs années, les gouvernements espagnols veulent transférer Franco, afin que le lieu ne devienne pas un point de rassemblement des nostalgiques du régime.
La famille Franco a tout tenté, dénonçant une expulsion
Plusieurs associations ont rappelé que Franco s’était fait construire ce mausolée de marbre par des prisonniers républicains, ajoutant une petite dose de cynisme à son projet. Finalement, après des années de procédure, la cour suprême espagnole a rejeté le dernier recours de la famille, permettant ce transfert. Pour le gouvernement, c’est une manière de fermer les blessures de la nation, et de remettre Franco à sa place.
Il sera donc inhumé dans la plus stricte intimité familiale dans un cimetière municipal de la banlieue de Madrid. Comme quoi, un dictateur ne peut pas tout prévoir, contrairement à une idée répandue dans ce petit cercle de dirigeants.
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