En Espagne, la mairie de Séville veut couper l'eau aux locations touristiques illégales
Aux grands maux les grands remèdes. Le surtourisme est de plus en plus mal vécu dans les grandes villes du monde. En particulier, à cause des appartements touristiques de type Airbnb, accusés de peser sur le marché immobilier ou directement d’enfreindre les réglementations locales. Pour ces derniers cas, la mairie de Séville, au sud de l’Espagne, a pris une mesure radicale : couper l’eau des près de 5 000 appartements pirates recensés.
La mairie avait cherché à prendre d’autres mesures, mais, dit-elle, son département juridique les a écartées. Le moratoire sur les nouveaux appartements touristiques, par exemple, ou bien la limitation de ces derniers à 10 % du parc immobilier. Dans ce dernier cas, c'est l’opposition qui a refusé, considérant que c’était déjà beaucoup trop.
"Le tourisme commence à provoquer des problèmes de cohabitation avec les habitants, en particulier dans le centre historique."
José Luis Sanz, maire de Sévilleà la radio Caneda SER
Le maire, José Luis Sanz, voulait tout de même faire quelque chose. D’autant que c’était un engagement de campagne. "Le tourisme est la principale industrie de la ville de Séville. Nous sommes la troisième ville la plus visitée d'Espagne et donc une puissance touristique, mais je considère qu'il n'y a plus la place pour un seul appartement touristique de plus. Ce n'est pas une priorité pour la ville en ce moment, ni le modèle touristique que recherche Séville."
Une procédure qui prend du temps
L'eau sera donc coupée pour les touristes qui loueraient malgré tout, mais les coupures n'arriveront pas du jour au lendemain. Le mode opératoire sera le suivant : inspection des lieux par la police municipale, ordre de cesser l’activité touristique si l’appartement enfreint la réglementation. À Séville, on ne peut louer aux visiteurs que des rez-de-chaussée ou des premiers étages, pas le droit de louer plus haut. Après cela, nouvelle visite si les ordres ne sont pas respectés, et enfin, coup de fil à la compagnie des eaux pour couper le robinet.
Reste le problème de la faisabilité de ces sanctions. Dans un premier temps, la mairie communiquait sur un chiffre de dix inspections par semaine. Sauf qu'à ce rythme-là, il faudrait dix ans pour couper l’eau à ces 5 000 hébergements irréguliers. Depuis, le maire dit qu’il va renforcer les équipes et que le rythme sera bien plus soutenu.
L’opposition répond que ce ne sera pas suffisant, qu’il faut aussi limiter l’offre légale, qui pèse, elle aussi, sur le marché immobilier. Séville compte 9 500 appartements touristiques, soit 23% de plus que l’an dernier. Cela correspond à 30 000 lits, davantage que les places hôtelières dans la ville.
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