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Espionnage : la juteuse collaboration des services secrets américains et allemands

La CIA et son homologue allemande sont au coeur d'une histoire d'espionnage qui a duré 50 ans, et qui vient d'être révélée et documentée par le Washington Post et la ZDF, une chaine de télé publique allemande.

Article rédigé par franceinfo - Franck Cognard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le logo de la CIA, à l'entrée du siège des services américains de renseignement (MAXPPP)

Il était une fois deux services de renseignement, la CIA et le BND allemand, qui rachètent secrètement dans les années 60 une société suisse, Crypto AG. Pendant ces années de guerre froide, pas d'internet, de téléphones satellites, de mails sécurisés. Les gouvernements communiquent alors via des machines de cryptage, fabriquées par Crypto AG, qui sur instructions de ses actionnaires, vend des appareils truqués, au profit évidemment de la CIA et du BND.

Donc : les deux services pouvaient lire des milliers de communications secrètes, et en plus, engrangeaient les bénéfices des ventes des machines à crypter, soit des millions de dollars comme le démontrent les documents recueillis par le Washington Post. 

Collecte de renseignements tous azimuts

Pendant les dix ans qu'a duré la guerre Iran / Irak, les Etats-Unis ont pu lire 19 000 messages iraniens, puisque l'Iran faisait partie des 120 pays qui ont à un moment confié leur cryptage à Crypto AG. Comme l'Argentine, dont les communications ont été pillées par les Américains et données aux Britanniques qui étaient en guerre contre l'Argentine, c'était la guerre des Malouines. Comme la Libye, dont des correspondants avouaient à l'époque, se pensant en sécurité, leur téléguidage d'un attentat anti-américain à Berlin en 1986. Ou plus étonnant, comme le Vatican, dont l'espionnage a permis de localiser l'ancien dictateur panaméen Noriega, qui s'était réfugié à la nonciature - l'ambassade du Vatican - à Panama City...

Cette opération d'espionnage, baptisée Minerva, a duré plus de 50 ans

Jusqu'à l'arrivée à la fin des années 90 des nouvelles technologies, rendant obsolètes les machines fabriquées par Crypto AG. Et puis le secret s'était un peu éventé et les pays espionnés se sont mis à avoir des doutes. Les services secrets français eux même, nous apprend l'article du Washington Post, avaient reniflé l'affaire pas claire en 1967 : ils s'étaient même proposés alors pour acheter Crypto AG, afin de faire la même chose que ce qu'ont fait Américains et Allemands.

Evidemment, tout le monde espionne tout le monde, il n'y a pas de copains dans le monde du renseignement. "Agis avec tes amis comme s'ils devaient devenir un jour tes ennemis", écrivait le cardinal Mazarin en 1684.

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