Cet article date de plus de trois ans.

Etats-Unis : qui sont les manifestants qui ont envahi le Capitole ?

Les manifestants pro-Trump qui ont forcé les entrées du Capitole, un mélange hétéroclite de "patriotes" et de partisans d'extrême droite.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des manifestants (dont au centre, Jake Angeli) à l'interieur du Capitole à Washington (USA), le 6 janvier 2021. (SAUL LOEB / AFP)

C'est un mélange hétéroclite qui forme la base électorale de Donald Trump : conspirationnistes pas effrayés par les vérités alternatives du président,  "anti-establishment", pro-armes, anti-avortement, anti-masques (la plupart n'en portaient pas), évangéliques, hommes et femmes qui se disent "patriotes".

Une fois à l'intérieur du Capitole, un quinquagénaire à la dégaine de cow-boy force la porte du bureau de Nancy Pelosi, la présidente de la chambre des représentants, et se fait prendre en photo avec un pied sur le bureau.

Un autre, hilare, coiffé d'un bonnet à pompon sur lequel est inscrit "Trump" en lettres capitales, est pris sur le vif en train d'emporter un énorme pupitre de l'hémicycle: il fait un geste de la main à l'adresse du photographe.

Drapeau du tea-party, drapeau des confédérés

Beaucoup portent des casquettes "Make America Great Again". Certains sont en treillis militaire, d'autres brandissent dans les couloirs du Capitole un grand drapeau jaune avec un dessin de serpent et cette légende : "Don’t tread on me" ("Ne me marche pas dessus"), emblème officiel des libertariens et du Tea-Party.

On a beaucoup vu aussi le drapeau des confédérés, bannière rouge avec sa grande croix bleue et ses 13 étoiles blanches utilisé par les États du Sud opposés à l'abolition de l'esclavage durant la guerre de Sécession.

Toutes les nuances de l'extrême droite

Dans cette galaxie se trouvent évidemment toutes les nuances de l'extrême-droite : les Proud Boys, ces suprémacistes blancs adeptes de l'action violente pour défendre les valeurs occidentales. Mais aussi des néo-nazis : l'un d'entre eux été formellement identifié. On le voit sur plusieurs clichés vêtu d'un sweat bleu marine arborant la devise du camp d'extermination d'Auschwitz, "Arbeit macht frei", avec un dessin de tête de mort.

Cette foule chauffée à blanc par les tirades de Donald Trump contre les supposées fraudes du scrutin se résume par un mot employé ce matin à la une de quasiment tous les journaux américains et par Joe Biden lui-même : "the mob", qu'on pourrait traduire par "ensemble de voyous".

Le chamane à la coiffe de fourrure

L'une des images qui resteront de ces moments incroyables c'est celle de cet homme, torse nu, couvert de tatouages et coiffé d'une sorte de bonnet en fourrure avec des cornes.

Il s'appelle Jake Angeli, il a 32 ans, il vient d'Arizona où il a été acteur, chanteur, doubleur de voix. Une figure familière des milieux pro-Trump, où on le connaît mieux sous le nom de "Shaman QAnon". Visage peint aux couleurs du drapeau américain, son style viking et ses tatouages font référence à la mythologie scandinave dont s’inspirent des mouvements néo-nazis : sur le torse, il arbore en autres un entrelacement de triangles, symbole du wotanisme, mouvement identitaire néo-paganiste, et sur le ventre un marteau de Thor, autre symbole récupéré par les milieux néo-nazis.

L'an dernier Jake Angeli a manifesté à de nombreuses reprises en Arizona pour protester contre les fraudes supposées de l'élection présidentielle. Sur son profil Facebook il y a aussi une photo de lui (en civil) avec Rudolph Giuliani, l'avocat personnel de Donald Trump.

Il incarne de façon très concrète l'influence de ce mouvement conspirationniste, QAnon, qui croit au choix que le président Trump est en guerre secrète contre un réseau mondial de pédophiles sataniques acoquinés avec les démocrates ou qu'une conspiration mondiale est dirigée par George Soros, Bill Gates, et les géants comme Twitter et Facebook.

Le mouvement est devenu de plus en plus influent au cours des dernières années. Donald Trump a beau avoir bel et bien perdu, le trumpisme et ses dérives n'ont jamais été aussi visibles.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.