Haïti sombre dans le chaos
La planète tourne et nous posons le doigt jeudi à Port-au-Prince, en Haïti.
Cela fait déjà deux mois que les écoles sont fermées dans quasiment tout le pays. Tout simplement parce que la sécurité n’est pas assurée, que les professeurs ne peuvent plus venir travailler, que les salaires ne sont plus payés. Je vous parle des écoles, mais on pourrait parler des hôpitaux. Il y a à ce sujet un magnifique reportage de nos confrères du Monde qui s’appelle tout tristement La vie nous a quittés. Les médecins n’ont plus de quoi soigner, l’oxygène et les médicaments manquent. Haïti est en train de renouer avec l’enfer. Les gangs tiennent les rues de Port-au-Prince, les manifestants érigent des barricades et bloquent les principales routes d’accès dans cette île des Caraïbes. Haïti est paralysée, en déroute, et le niveau de violence est tel que 43 personnes ont étés tuées en deux mois dans les rues.
Pourquoi un tel chaos ?
Depuis plus d’un an, il y a un vent de contestation contre le président. Jovenel Moïse est accusé d’avoir détourné à son profit et à celui de ses amis des sommes colossales qui étaient destinées à aider la population. Toute l’opposition réclame sa démission, et les manifestations contre lui ont pris de l’ampleur depuis septembre. Au point que les policiers ont retourné leur veste et rejoint les cortèges de l’opposition pour demander sa démission. Lui refuse de partir. Il dit tout simplement qu’il ne sait pas à qui il pourrait confier les clés du pays. Et il profite des divisions de son opposition. Ses derniers soutiens sont quelques riches familles du pays et devinez qui ? Donald Trump !
La situation s’est aggravée depuis quelques jours. Les banques ont fermé. Les tribunaux ont fermé. Les stations-services ont fermé. Pénuries d’eau, de carburant. Tout est réuni pour une explosion du pays. Il y a deux jours, Haïti tentait de célébrer la victoire du 18 novembre 1803 contre les troupes de Napoléon, qui ont permis la création de la première république noire de l’Histoire, en 1804. Les commémorations ont étés interrompues par des tirs et quatre blessés graves sont à déplorer.
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