L'assassinat de Havrin Khalaf en Syrie
La planète tourne et ce matin vous posez le doigt sur la route M4, dans le nord de la Syrie.
Elle s’appelait Havrin Khalaf, elle a été tuée samedi dans le nord de la Syrie, sur la route M4 entre les localités de Qamishli et Minjeb. Havrin Khalaf avait 35 ans, elle était kurde, ingénieure, féministe, et co-présidait le parti politique Avenir de la Syrie, qui réunissait arabes et kurdes dans un même combat dans cette partie du pays, à la fois contre le régime de Bachar El-Assad et contre l’Etat Islamique. Elle circulait dans sa voiture, avec son chauffeur, quand elle a été prise dans une embuscade : les images montrent que sa voiture a été criblée par des rafales. Selon certains témoignages, elle aurait été sortie du véhicule et exécutée. Son chauffeur est mort lui aussi. Son visage, son calme, et sa détermination étaient connus de tous : les assassins n’ont pas eu de difficultés à la localiser. Dans la même journée de samedi, huit autres civils ont assassinés, et certaines exécutions ont été filmées.
Les hommes qui l’ont abattue ne sont pas des soldats mais des assassins
Une guerre, menée par une armée, fait des morts. Mais il y a des lignes de front, des règles d’engagements, et des hiérarchies. Cela n’empêche pas les bavures. Mais là, ca n’a rien à voir avec une bavure militaire. Havrin Khalaf était connue de tous ceux qui travaillent sur la région : elle parlait aux diplomates, aux journalistes, elle n’était pas dans la confrontation mais dans la négociation. Et donc elle gênait. Ce sont des miliciens qui ont assassinés cette femme. Le chaos déclenché par le retrait militaire américain et l’invasion turque dans le territoire ont permis à ces mercenaires islamistes de reprendre les armes. On les appelle des supplétifs, mais ce sont des tueurs. Pendant que l’armée turque installe sa zone dite de sécurité, ils sont chargés d’éliminer. Auparavant, ils étaient combattants islamistes contre le régime syrien. Puis, ils ont changé de camp, financés par les turcs pour se battre contre les kurdes. Si cette guerre doit avoir un visage, il aura désormais celui de Havrin Khalaf, 35 ans, ingénieure, et civile.
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