La présence militaire française au Niger est-elle condamnée à disparaître ?
Plusieurs signaux diplomatiques, notamment venus de Washington, plaident pour qu'une solution politique conforte la position de la junte au pouvoir à Niamey, alors que les chefs d’état-major de la Cédéao se réunissent jeudi 17 août au Ghana. Les putschistes ont dénoncé au début du mois cinq accords de défense avec Paris et ont demandé le départ des troupes françaises stationnées au Niger.
Jusqu’à aujourd’hui le Quai d’Orsay répète que la présence des soldats français a été décidée avec les autorités officielles du pays, à savoir le président déchu Mohamed Bazoum. L’Élysée juge sans valeur les exigences d’un régime qu’elle ne reconnaît pas. Mais si les putschistes s’incrustent, la France devra bien en tirer les conclusions et partir.
Des équipements militaires provenant des bases évacuées au Mali
Les moyens militaires français sur place sont pour l’essentiel concentrés sur l’aéroport de Niamey : jusqu’à 1.500 hommes, au moins trois avions de combat Mirage 2000, cinq drones Reaper, des dizaines de blindés et des tonnes d’autres matériels. On retrouve une partie des équipements provenant des bases que la France a dû évacuer au Mali. D’autres militaires français, notamment des légionnaires, avaient été déployés dans la région d'Ouallam, à 80 kilomètres au nord de Niamey et plus à l’ouest à Ayorou, une localité proche de la frontière malienne.
Si la junte nigérienne garde le pouvoir, que vont devenir les bases et les soldats français ? Ces militaires qui travaillaient avec l’armée nigérienne ont cessé toute activité opérationnelle depuis le coup d’État à Niamey. Le moindre de leurs mouvements, même pour des raisons strictement logistiques, est scruté par les putschistes. La seule issue envisageable sera donc leur départ, mais pour aller où ? Le Mali et le Burkina étant rayés de la liste, l’option envisageable reste le Tchad.
Une autre répartition des effectifs
L’armée française dispose d’une base à N’Djamena, où stationnent déjà un millier d’hommes. En dehors du Sahel, d’autres possibilités de répartition des effectifs existent au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Des bases dont l’utilité a été soulignée cette année par un rapport sénatorial. Mais ces localisations sont éloignées des zones où les jihadistes mènent leurs principales attaques. En résumé, si l’armée française ne devait plus disposer que d’une seule base au cœur du Sahel, elle ne pourrait plus accomplir les mêmes missions.
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