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Lassée de l'image "sexe, drogue et alcool", Amsterdam fait la chasse aux touristes indisciplinés

Comment lutter contre la sur-fréquentation touristique ? Aux Pays-Bas, Amsterdam répond en trois mots à ceux qui envisagent le déplacement pour faire la fête : ne venez pas !

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des touristes dans le centre d'Amsterdam (Pays-Bas). (ROBIN UTRECHT / ANP via AFP)

"Stay Away" en anglais, ou "Ne venez pas" en français : le message à le mérite d'être clair. Cette campagne de pub lancée cette semaine cible ceux qui font l'aller-retour à Amsterdam, aux Pays-Bas non pas pour apprécier ses musées ou son patrimoine, mais pour faire la tournée des bars à bière, fumer à l'excès à peu près tout et n'importe quoi, ceux qui trouvent très drôle d'uriner dans les canaux ou de tituber en hurlant des obscénités dans le Quartier Rouge des prostituées... Bref, ceux que les riverains ne peuvent plus voir en peinture. Et parmi ceux-là, il y a surtout des jeunes hommes britanniques, entre 18 et 35 ans. D'ailleurs, la mairie ne s'en cache pas : c'est à eux que s'adresse cette campagne. D'autres nationalités seront ajoutées en cours d'année.

Un effet dissuasif

Si vous vivez au Royaume-Uni et que vous tapez dans un moteur de recherche "enterrement de vie de garçon à Amsterdam", "stripteaseuse" ou "meilleur coffee shop", un message d'avertissement s'affiche automatiquement. Vous pouvez aussi tomber sur une vidéo où un jeune homme ivre se fait menotter par la police. Le sous-titrage dit : "Venir à Amsterdam pour une nuit de folie + se mettre minable = 140 euros d'amende + casier judiciaire = moins de perspectives d'avenir". Effet dissuasif.

 "Les visiteurs resteront les bienvenus, mais pas s'ils se conduisent mal et causent des nuisances", déclare Sofyan Mbarki, adjoint au maire.

Déplacer le Quartier rouge

Pourtant, cela fait longtemps qu'Amsterdam prend des mesures pour limiter le tourisme. Mais la ville n'a pas réglé ses questions de saturation des transports, de hausse des prix de l'immobilier, de bruit, de surpopulation. D'ailleurs, cette année, elle, attend plus de 18 millions de visiteurs, seuil à partir duquel le Conseil municipal est "obligé d'agir", c'est inscrit dans une ordonnance de 2020.

Depuis des années, comme un serpent de mer, il est question de déplacer les maisons closes du Quartier Rouge dans une sorte de grand centre commercial en périphérie. En décembre, tout un tas de mesures ont été prises : interdiction de fumer du cannabis en public, restrictions sur la vente d'alcool... Et cette campagne de découragement en fait partie.

Mais elle ne séduit pas tout le monde. Le directeur de la chaîne Conscious Hotels avoue qu'il aurait préféré un message moins stigmatisant. "Tous ceux qui viennent faire la fête ne sont pas des criminels" dit-il. Avant de faire remarquer : "Regardons comment nous-mêmes, les Néerlandais, nous nous comportons sur la Costa Brava en Espagne !" En gros : on est mal placés pour donner des leçons.

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