Le Brexit provoque des angoisses à Gibraltar
La planète tourne. À Gibraltar, les multiples péripéties du Brexit inquiètent les habitants de la seule colonie britannique.
Avant de faire un peu d’histoire, on va faire un peu de géographie : Gibraltar, un peu plus de 30 000 habitants sur 7 kilomètres carrés. La seule et unique colonie, britannique, sur le territoire européen. C’est la pointe sud de l’Espagne, un rocher, célèbre, en face du Maroc.
Ici, le Brexit pourrait avoir des conséquences très sérieuses. Et les habitants ne rient pas du tout du psychodrame qui se joue à Londres. Les Gibraltariens ont voté à 96% pour rester au sein de l’Union Européenne, mais forcément leurs voix ne pesaient pas grand-chose lors du référendum.
Tous les matins, 14 000 personnes passent la frontière dans le sens Espagne -Grande-Bretagne, sans que personne ne regarde vraiment ni les passeports ni les marchandises. Mais à partir du 31 octobre, si le Brexit dur a lieu, ce sera une tout autre affaire : il va falloir reconstruite une vraie frontière, avec une douane, des contrôles, des tracasseries variées. Combien de temps faudra-t-il à ces milliers de personnes pour venir travailler ? Sans compter les centaines de camions qui approvisionnent le rocher, riche, mais qui a besoin de tout.
Une position stratégique pour les Britanniques
Ce cas très particulier a provoqué quelques nuits d’insomnie à Bruxelles. Il a fallu d’abord relire l’Histoire. Les négociateurs ont repris un traité en latin, signé en 1713 à Utrecht, et qui attribue après plusieurs guerres ce rocher à la Grande-Bretagne, au grand dam de l’Espagne. Depuis, l’Espagne n’a jamais cessé de revendiquer le territoire, et ne supporte pas de voir l’Union Jack flotter chez elle. Mais les Britanniques n’ont aucune raison, ni aucune envie, de laisser Gibraltar aux Espagnols : c’est une position stratégique, qui permet d’avoir une base navale, des stations d’écoute électronique... et c’est riche : si Gibraltar était indépendante, ce serait la troisième économie du monde en revenu par habitant. Il n’y pas de chômage, mais la colonie ne fonctionne bien que si les Espagnols frontaliers peuvent s’y rendre facilement. Et il y a tout simplement des contrats de travail qui pourraient ne plus être valides, des retraites non payés….
Du coup, sur ce petit morceau de ce qu’il reste de l’Empire Britannique, on se dit qu’en cas de Brexit dur, la catastrophe n’est pas loin. Mais à Londres non plus personne n’a l’air très sûr de ce qu’il va se passer.
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