Le lancement d'un satellite militaire par la Corée du Nord entraîne un regain de tension dans la région
Une fois de plus, Pyong-Yang se joue des sanctions internationales et fait monter les tensions. L'événement a été célébré en grande pompe, mardi 21 novembre, Malligyong-1, le premier satellite de reconnaissance nord-coréen était envoyé avec succès dans l'espace.
Les experts ont des doutes sur le fait qu'il puisse être déjà opérationnel, mais l'agence de presse d'État a très vite fait savoir que le grand soleil du XXIè siècle, Kim Jong-un, avait pu en visionner les premières images : celles de la base militaire américaine de l'île de Guam, dans la mer des Philippines, Pearl Harbor à Hawaï, le porte-avions stationné dans le port sud-coréen de Busan et quantité d'autres sites tous plus sensibles les uns que les autres.
C'est peut-être du bluff, mais le message adressé aux États-Unis et à leurs alliés, accusés d'activités militaires hostiles, est clair : "nous avons désormais les moyens de vous surveiller". La Corée du Sud évoque une "provocation", et les plus hauts dirigeants.
Le rapprochement militaire avec Moscou se concrétise
Ce lancement doit son succès à l'implication de la Russie. Les deux pays se rapprochent depuis quelques mois... En septembre, Kim Jong-un a passé près d'une semaine en Russie pour parler défense et coopération militaire. C'est pendant ce voyage que le dictateur nord-coréen aurait cédé à la demande de Vladimir Poutine en acceptant de lui fournir un million d'obus pour soutenir son offensive en Ukraine.
En contrepartie, il aurait obtenu les conseils et le savoir-faire russe en matière de mise en orbite. Par deux fois déjà, en mai et en août, Pyong Yang avait échoué à envoyer un satellite militaire dans l'espace.
Mouvements d'armes à la frontière
Sauf que ce lancement réussi ne fait qu'exacerber les tensions. Il a déjà fait voler en éclat l'accord militaire de pacification conclu il y a cinq ans entre les deux Corée, augmentant le risque de confrontation le long de la frontière. Ce lundi 27 novembre, Seoul assure que les Nord-Coréens y ont déjà transporté des armes lourdes et des soldats pour remettre en état les postes de surveillance.
Ce lancement prouve surtout que les capacités technologiques de la Corée du Nord ont franchi un nouveau cap. Si le pays possède une fusée capable de placer un satellite en orbite, alors il peut aussi construire un missile capable de transporter une ogive nucléaire d'une taille équivalente.
C'est un événement majeur, qui démontre au passage l'inefficacité des sanctions internationales, qui témoigne surtout de la stratégie nord-coréenne : donner la priorité au militaire plutôt qu'au développement économique, aux menaces plutôt qu'à la réconciliation avec la Corée du Sud, au rapprochement avec la Russie et la Chine plutôt qu'au dialogue avec les États-Unis.
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