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Niger : en Afrique, la ceinture des coups d’État redessine la carte du continent

Mali, Burkina Faso et maintenant le Niger. En trois ans, sept coups d’États ont eu lieu en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Des bouleversements qui créent une zone d’instabilité.
Article rédigé par Claude Guibal
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Abdourahamane Tiani, le nouvel homme fort du Niger. (- / ORTN - T?L? SAHEL via AFP)

Prenez une carte de l’Afrique et coloriez en rouge tous les pays où les pouvoirs en place ont été renversés ces dernières années. Vous retrouverez, la Guinée, le Soudan, le Tchad, le Mali, le Burkina Faso, et le Niger. De la façade Atlantique à l’Océan Indien, une bande rouge barre l’Afrique et la coupe en deux sur une longueur de 6 000 km. On appelle cela la "coup belt", la ceinture des coups d’État. Elle crée une zone d’instabilité, avec des pouvoirs en mal de légitimité interne, et externe, des pouvoirs généralement tentés d’aller chercher vers la Russie, grand pourvoyeur d’armes, peu regardant sur les questions de démocratie, le soutien international que leur refusent les pays occidentaux. Des pays riches en matières premières, stratégiquement importants, traversés par des couloirs de contrebande et de migrations vers l’Europe, et bien souvent aussi en proie à des insurrections locales.

Dans cette diagonale d’instabilité le Niger est le dernier domino à tomber et on voit bien à quel point ce pays – pourtant enclavé et l’un des plus pauvres au monde – est stratégiquement si important. On peut le mesurer notamment à la durée de cette séquence, depuis le début de la séquestration du président Mohamed Bazoum, le mercredi 26 juillet. 

Le Niger est une base stratégique pour des pays influents

On en est à presque trois semaines de médiations et d’incertitude sur l’issue de ce coup d’État. Le Niger est un pays stratégique évidemment pour la France, mais aussi pour les États-Unis qui y disposent de plusieurs bases militaires, notamment pour les drones. Quelque 1 100 soldats américains y sont stationnés, et c’est du Niger que les États-Unis opèrent pour l’essentiel de leurs interventions militaires en Afrique, de la Libye au Soudan.

Chaque prise de pouvoir dans les pays de la ceinture des coups d'État s'est traduite par une arrivée de mercenaires de Wagner, supports providentiels pour ces régimes fragiles. Pour les États-Unis, comme pour la France, le Niger représentait le dernier tampon pour éviter une continuité de terrain pour les paramilitaires russes en Afrique. Septième producteur mondial d'uranium, le pays possède de quoi attiser les convoitises. À chaque coup d'État, l'effet de contagion est quasi immédiat sur les pays frontaliers. Avec la déstabilisation du Niger, c'est aujourd'hui vers le Tchad – dernier pilier français au Sahel – mais aussi vers le Sénégal en route, lui vers des élections compliquées, que tous les regards se tournent. 

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