Parole, vêtements, hygiène, regards... La vie des femmes afghanes est désormais légalement sous le contrôle des Talibans

En Afghanistan, la situation des femmes ne cesse de se dégrader. Dernier exemple en date, le régime des Talibans vient de promulguer une loi de 114 pages qui impose de nouvelles restrictions très sévères aux femmes avec une palette de sanctions.
Article rédigé par Sébastien Laugénie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des femmes afghanes photographiées au marché de Kandahar, le 24 août 2024. (WAKIL KOHSAR / AFP)

C'est toute la vie des Afghanes, sociale et privée, qui est désormais sous contrôle. Le nouveau texte promulgué par les Talibans, a été ratifié la semaine dernière et compte 35 articles, avec d'abord ce symbole : l'interdiction aux femmes de chanter, de réciter un poème, et même de lire à voix haute en public. Les femmes devaient déjà porter la burqa dans la rue, l'école leur était interdite après l'âge de 12 ans, c'est maintenant leur parole qui est muselée.

La nouvelle loi stipule aussi comment les femmes doivent couvrir leur corps entièrement en public, pour éviter de "tenter" les hommes. Pas de vêtements "ni fins, ni serrés, ni courts. Plus le droit de se maquiller ou de se parfumer, ni de regarder les hommes avec lesquels elles n'ont pas de lien de sang ou de lien par le mariage.

Le retour aux heures les plus sombres de l'Afghanistan

Ces interdictions étaient déjà appliquées en partie mais c'est l'édiction formelle, l’institutionnalisation de ces interdits dans la loi qui est nouveau, avec, à la clé, toute une palette de sanctions, qui va de l'avertissement verbal à la garde à vue d’une heure jusqu'à trois jours, en passant par la menace ou l'amende. L'application de ces sanctions dépend d'un seul organe, le ministère de la propagation de la vertu et de la prévention du vice, surnommé la police des mœurs, véritable bras armé des durs du régime qui ont donc pris le dessus sur les rares modérés au sein des Talibans.

Cette loi signe le retour à l'époque du premier régime taliban entre 1996 et 2001, qui s'était terminé par l'intervention armée des États-Unis. Quand ils sont revenus il y a trois ans, en août 2021, les Talibans avaient pris l’engagement à respecter les droits des femmes. Mais ils sont finalement revenus 25 ans en arrière. L'ONU a bien tenté en juin dernier une rencontre avec les chefs islamistes de Kaboul pour donner une chance au dialogue. L’initiative semble avoir fait long feu. Les Talibans, au ban des Nations occidentales, s'isolent diplomatiquement de plus en plus. La semaine dernière, le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'Homme en Afghanistan, nommé par l'ONU, Richard Bennett, a été définitivement exclu du pays.

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