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Pékin 2022 : les États-Unis lancent un boycott diplomatique des Jeux olympiques d'hiver

Pour protester contre les violations des droits de l'homme en Chine, l'administration américaine n'enverra aucun représentant officiel. En revanche les athlètes participeront normalement.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le logo des Jeux olympiques de Pékin (Chine). (NOEL CELIS / AFP)

L'idée n'est pas de paralyser les compétitions mais d'envoyer un message politique, symbolique : Washington ne veut pas cautionner un pays que les États-unis accusent de "génocide" contre les musulmans du Xinjiang. Les ONG accusent Pékin d'avoir interné au moins un million de Ouïghours dans des "camps de rééducation".
Ça faisait plusieurs mois que la pression était très forte sur l'exécutif américain, de la part des élus républicains comme démocrates. Joe Biden a fini par trancher pour une position qui ne pénalise pas les athlètes américains et ne brise pas non plus complètement les relations déjà fragiles entre les deux géants économiques.
Il s'agit donc d'un affront avec beaucoup moins d'impact que le boycott intégral préconisé par certains législateurs et groupes de défense de droits américains, qui interdirait de fait la participation des athlètes, des entraîneurs et des responsables d'équipe aux JO.

Un boycott sportif n'est pas la solution

Pourquoi ne pas aller jusqu'au boycott total ? Certains faucons du parti Républicain ne seraient pas contre : "un boycott diplomatique, ce n'est pas suffisant" dit l'ancien secrétaire d'Etat Mike Pompeo. 

"Le parti communiste chinois se fiche complètement d'un boycott diplomatique, écrit l'ancien chef de la diplomatie américaine sous Donald Trump. Car au bout du compte, ils accueillent tout de même les athlètes du monde entier".

Du point de vue de Washington pourtant, ce serait trop radical. Position partagée par le Comité olympique américain, pour qui un boycott sportif "n’est pas (une) solution aux problèmes politiques".
L'histoire lui donne raison : en 1980, en réponse à l'invasion soviétique de l'Afghanistan, Jimmy Carter empêche officiels et athlètes de participer aux Jeux d'été de Moscou, 62 pays rejoignent le mouvement. Quatre ans plus tard, en 1984, c'est l'Union soviétique qui à son tour saborde les Jeux de Los Angeles. La crispation n'a pas aidé les deux pays à sortir de la guerre froide, elle n'a fait que la renforcer.

Les Etats-Unis seront-ils suivis ?

Mais un simple boycott diplomatique peut-il être efficace ? Si les États-Unis sont les seuls à monter au front, Pékin pourra dire que c'est une décision politique isolée, motivée par une rivalité commerciale et stratégique. Mais si Washington entraîne ses alliés en Europe, au Canada, en Australie - qui ont tous vu leurs relations avec Pékin se refroidir ces dernières années -, ce ne sera pas tout à fait la même mayonnaise ! Le message sera évidemment beaucoup plus fort. 

À Sotchi, en 2014 les associations de défense des droits de l’homme ont appelé à un boycott diplomatique des Jeux pour ne pas faire de chèque en blanc à Vladimir Poutine. Elles ont été très peu suivies. Les États-Unis ont retenu la leçon : s'ils se lancent aujourd'hui c'est qu'ils ont obtenu quelques garanties. Ils ne seront pas seuls à prendre position. De nombreux parlements se sont prononcés pour, et tentent de faire fléchir leurs gouvernements.

La France s'est d'ailleurs empressée, ce mardi 7 décembre, de "prendre bonne note" de l'annonce américain. "Nous allons nous coordonner au niveau européen" annonce même l'Elysée : la risposte collective se prépare. Même si le poids économique et politique croissant de la Chine dans le monde devrait dissuader un certain nombre de capitales.

Un préjugé idéologique

Sans surprise, Pékin, qui avait déjà mis en garde les États-Unis, dénonce le "préjugé idéologique" et "les intentions malveillantes" des États-Unis. Invité à réagir ce mardi 7 décembre lors d'un point de presse, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, qualifie de nouveau les accusations des pays occidentaux sur la situation au Xinjiang de "mensonge du siècle".

Puis il accuse les États-Unis d'avoir violé le principe de la neutralité politique du sport : "la tentative des États-Unis de perturber les Jeux olympiques d'hiver de Pékin, fondée sur un préjugé idéologique, des mensonges et des rumeurs, dit-il, ne fera qu'exposer aux yeux de tous les intentions malveillantes des États-Unis".  

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