Pologne : le nouveau gouvernement mène une purge drastique pour restaurer l'indépendance des médias publics
Il a suffi d'une résolution votée par l'Assemblée nationale, mardi 19 décembre, pour que, en quelques heures, tous les cadres dirigeants de la télévision, de la radio et de l'agence de presse nationale soient limogés. Des forces de police ont même été déployées devant les bâtiments pour les empêcher d’accéder à leurs bureaux et permettre aux nouvelles équipes de s'installer.
À l'antenne, les présentateurs ont tout juste le temps d'annoncer la nouvelle : "C'est un moment historique dans l'histoire de la télé", dit ce journaliste de la TVP. Et puis les programmes sont interrompus. La mire s'impose à l'écran. Sur la chaîne d’information continue, plus de plateau, plus d'invités mais un vieux feuilleton.
Rétablir l'État de droit
Tout ça ressemble plus à des méthodes de putchistes qu'à celles d'un gouvernement pro-européen. C'est tout le défi de la nouvelle coalition dirigée par Donald Tusk, qui a pris ses fonctions il y a seulement 10 jours. Comment rétablir l'État de droit dans un pays qui avait lentement dérivé vers un régime autoritaire ? Comment démanteler l'appareil de propagande qui avait gangrené les médias ?
En Pologne, le service public était devenu une simple courroie de transmission des dirigeants nationalistes, un déversoir d'informations partiales et d'attaques virulentes contre l'opposition. À son arrivée au pouvoir en 2015, le parti Droit et Justice, le PiS, avait d'ailleurs mené une purge encore plus sévère, en débarquant des dizaines de journalistes et en changeant la loi.
Restaurer l'impartialité des médias publics
L’actuel Premier ministre reprend la méthode mais promet surtout de nouveaux textes législatifs pour restaurer l’impartialité des médias publics et protéger leur indépendance. Évidemment, l'ancienne équipe au pouvoir crie au scandale. Un Polonais sur trois ne dispose que du réseau public pour s'informer. On comprend que les populistes du PiS n'aient aucune envie de perdre le lien avec leurs électeurs.
Alors ils s'accrochent. Certains députés ont même forcé les portes de la télévision pour occuper les locaux. Ils tentent de mobiliser l'opinion et quelques manifestations ont eu lieu ici ou là. Mais les entendre dénoncer la main-mise sur les médias est une "farce grotesque", dit le quotidien Rzeczpospolita. Dans cette vaste comédie politique, les acteurs du PiS devraient surtout apprendre à quitter la scène.
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