Pourquoi Meta annonce un abonnement payant pour Facebook et Instagram en Europe

Les deux réseaux sociaux s'apprêtent à lancer des formules d'abonnement (optionnelles) pour une dizaine d’euros par mois. Les utilisateurs européens pourront payer s'ils veulent se passer de publicité.
Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Meta annonce un abonnement payant pour les utilisateurs européens de Facebook et Instagram. (ANDRE M. CHANG / MAXPPP)

"Attention, Facebook va devenir payant !" Qui n'a jamais reçu ce canular, colporté depuis des années sur les réseaux sociaux ? Et pourtant cette fois-ci, c'est en partie vrai. Facebook, tout comme Instagram, vont proposer une formule payante, à 9,99 euros par mois. En échange de quoi, vous n'aurez plus aucune publicité qui s'affiche.

L’annonce a été faite lundi 30 octobre par le groupe Meta, qui détient ces deux plateformes (près de 140 millions d'utilisateurs chacune en Europe). L'option sera disponible dès le mois de novembre. Si vous ne voulez pas payer, alors il faudra accepter de continuer à recevoir des publicités, ciblées sur vos goûts et sur vos habitudes.

Compenser la baisse des recettes publicitaires

Si Facebook et Instagram ont pris cette décision c’est d'abord parce que le nombre d'utilisateurs augmente moins vite qu'avant. Il se tasse même pour Facebook. D'où une moins bonne croissance des revenus publicitaires. Même si le groupe Meta n'est pas au bord du dépôt de bilan : près de 40 milliards de dollars de bénéfice chaque année.

Un autre réseau social a déjà choisi de proposer une version payante, Twitter (devenu X). Là aussi, des abonnements sont possibles pour augmenter les revenus de l'entreprise et faire face à la baisse des recettes publicitaires.

Mais la principale raison est à chercher du côté de nos données personnelles. Car Facebook a bâti son empire sur un principe simple qui peut se résumer ainsi : "Je suis gratuit, mais en échange, je collecte vos données, c'est-à-dire votre âge, votre genre, votre ville, vos goûts, vos centres d'intérêt… Et ces données, je les monétise, auprès d'entreprises qui peuvent ainsi vous proposer des publicités ultra-ciblées..."

Des lois européennes pour protéger les données personnelles

Tout cela rapporte bien sûr beaucoup d'argent. Comme le dit l'adage, "si c'est gratuit, c'est vous le produit". Sauf que les données sont mieux protégées. La loi européenne interdit de commercialiser ces informations sans le consentement explicite de l'utilisateur. Et une nouvelle réglementation européenne encore plus stricte, qui s'appelle le DMA, entrera en vigueur en mars prochain.

Bref, la fête est finie. Voilà pourquoi cette offre d'abonnement à 9,99 euros par mois concernera seulement les utilisateurs européens. Pour Facebook et Instagram, l'idée est que si vous ne voulez pas partager vos informations personnelles, alors il existe une alternative, celle de payer.

Il faudra voir si ce raisonnement - assez contestable - est entériné, ou pas, par les autorités européennes. Ces offres d’abonnement créent peu à peu des réseaux sociaux à deux vitesses. Où les riches payent avec leur argent et où les pauvres payent avec leurs… données.

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