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Au Tchad, manifestations violentes contre "une nouvelle dictature militaire"

Au Tchad, rien ne va plus depuis la mort du président Idriss Déby la semaine dernière. Opposition et société civile s'opposent avec violence à la main-mise des militaires sur le pays.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des manifestants contre la junte qui a pris le pouvoir, brûlent des pneus dans une rue de N'Djaména (Tchad). (ISSOUF SANOGO / AFP)

Au moins cinq personnes ont été tuées hier dans des manifestations violentes à N'Djamena, la capitale, mais aussi en province. Et ce bilan, officiel, reste très approximatif. Ces rassemblements, lancés par plusieurs partis d’opposition et par la société civile, avaient été interdits par la junte. Les militaires ont tiré à balles réelles.

Depuis que Mahamat Déby a pris le pouvoir, après la mort de son père au combat le 20 avril, les Tchadiens dénoncent un "coup d'État institutionnel", "une monarchisation du pouvoir".

À 37 ans, ce général quatre étoiles, homme d’action plus que de parole, chef suprême des armées, est à la tête du "Conseil militaire de transition" qui a très vite abrogé la Constitution, dissout le gouvernement et l'Assemblée, tout en promettant – pour le vernis démocratique – des élections "libres et transparentes"... dans un an et demi.
Mais personne n’est dupe. Après trente ans de silence, sous le règne de l’autoritaire président Idriss Déby, l’opposition et la société civile ne veulent pas d’une "nouvelle dictature militaire" qu’ils jugent par ailleurs "cautionnée par la France".
Dans les manifestations ce mardi, il y a eu des drapeaux tricolores brûlés, une station-service Total mise à sac, et sur les pancartes des manifestants des slogans : "Non à la France".

Emmanuel Macron était le seul chef d'État occidental aux obsèques d’Idriss Déby vendredi 23 avril. Il a beau avoir condamné par communiqué les violences des dernières heures, les Tchadiens considèrent que le nouvel homme fort de leur pays n’est que la marionnette du "néocolonialisme français".

La France est dans une position délicate : elle doit à la fois se désolidariser des risques de dérive du fils Déby sans pour autant froisser le régime d’un pays qui reste son plus précieux allié dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Mardi 26 avril, 12 militaires ont été tués par des djihadistes dans la région du lac Tchad.

D’autres rassemblements sont prévus jeudi 28 avril pour réclamer le départ des militaires. À terme, le scénario du pire, c’est la bascule dans une guerre civile qui pourrait déstabiliser toute la région.
Pour l’instant le nouveau pouvoir reste sourd à la contestation. Dans un discours diffusé à la télévision hier Mahamat Déby a tenté de calmer le jeu et promis un dialogue national pour éviter "l’implosion du pays". "Le Tchad est au carrefour de son histoire" a-t-il dit, sans pourtant évoquer une seule fois les manifestations.

 

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