Cet article date de plus de dix ans.

Ecotaxe : le coût de la suspension

L'écotaxe suspendue jusqu’à nouvel ordre. Une nouvelle reculade du gouvernement face aux protestations des transporteurs routiers. Cela fait maintenant 7 ans que cette taxe, lancée lors du Grenelle de l'environnement, ne parvient pas à voir le jour. Elle doit pourtant financer des projets de transports. Détail des conséquences de cet abandon.
Article rédigé par Julie Bloch-Lainé
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
  (© Fotolia)

Dans la facture, il y a d'abord la suspension de l'écotaxe. En juin, elle a été rebaptisée "péage de transit poids lourds" et largement allégée : il s'agissait toujours de taxer les camions de plus de 3,5 tonnes, mais sur quatre fois moins de routes que dans la version précédente. Cela devait tout de même rapporter 500 millions d'euros environ. Ensuite, il faudra sans doute dédommager Ecomouv', la société chargée de collecter l'écotaxe. Ce serait de l'ordre de 800 millions d'euros. Enfin, il faut compter les nombreux reports, les destructions de portiques. Au total, la facture dépassera certainement 1milliard et demi d'euros.

Des ports, des canaux, des voies ferrées, des tunnels, des routes. Des transports collectifs aussi. Dans les villes, ce sont par exemple des tramways, des bus économes en carburant, ou certains métros. Ce sont plus d’une centaine de projets d'infrastructure dont le financement est fragilisé.

Les projets sont ralentis. L'écotaxe, pour l'essentiel, devait être reversée à l'Agence de financement des infrastructures de transports de France. Cet établissement public a pour mission d'investir dans de grands travaux de transport. Sans l'écotaxe, c'est 400 millions d'euros qui lui manquent environ. C'est beaucoup, plus de 20% de son budget. Cela va freiner bon nombre de projets. Mais il lui reste d'autres ressources, par exemple, l'argent des amendes radar, ou une redevance payée par les concessionnaires d'autoroutes.

Parmi les pistes, il y a l'idée de taxer les profits des autoroutes, hyper rentables. C'est ce que souhaite la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal. C'est techniquement et juridiquement compliqué. Et il y a un écueil : cela pourrait faire augmenter les péages. Les automobilistes seraient donc mis à contribution. Or, ils vont déjà devoir payer en partie les reculs sur l'écotaxe. La dernière version de la taxe poids lourds, le péage de transit, devait rapporter beaucoup moins que l’écotaxe. Pour compenser, le diesel va donc augmenter de 2 centimes par litre en 2015. Ce sont les automobilistes qui vont payer, pas les routiers.

Cela fait 7 ans qu'on en parle, depuis le Grenelle de l’environnement en 2007. Est-ce que des pays voisins ont réussi à mettre en place ce genre de mesures ?

Ils sont plus d'une demi-douzaine. La Suisse fait figure de pionnière, depuis 2001 : sa taxe poids lourds a même permis de développer largement ses infrastructures ferroviaires. L’Allemagne a également, depuis 2005, une écotaxe sur les camions de plus de 12 tonnes, pour financer les autoroutes. La Pologne dispose d’une taxe depuis 2011. Et en Grande-Bretagne, depuis avril dernier, les poids lourds doivent payer pour l'usure qu'ils causent aux routes britanniques.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.