Le mot de l'éco. EPR, réacteurs nucléaires de troisième génération
Les retards en cascade des EPR menacent-ils EDF ? EPR, ces réacteurs de troisième génération sont censés incarner l’avenir du nucléaire français et donc d'EDF. Mais les chantiers accumulent les déboires et fragilisent financièrement EDF.
Des déboires, des retards et des coûts qui dérapent. Il y a deux semaines, EDF annonce que le chantier de l'EPR d'Hinkley Point en Grande Bretagne (European Pressurized Water Reactor, puis Evolutionary Power Reactor) a pris du retard en raison de problèmes de terrassement notamment. Résultat : ce projet titanesque, dont le coût a déjà été réévalué, va coûter au moins 5 milliards de plus qu'initialement prévu.
Cette semaine, nouvelle annonce d'EDF, nouveau revers. Cette fois, à Flamanville, en Normandie. Là, ce sont des soudures qu'il faut réparer. Montant de la facture : au moins 1 milliard et demi. Et un chantier qui accumule d'ores et déjà 10 ans de retard. Entamé en 2007, l’EPR devait entrer en service en 2012, ce sera au mieux en 2022. Le coût des travaux a lui été multiplié par 4 pour atteindre les 12 milliards.
Une dette de 37 milliards
Ces retards qui se chiffrent en milliards fragilisent financièrement EDF, déjà encombré par une dette de 37 milliards d'euros. Or, l’électricien doit aussi faire face au coût colossal du grand carénage, la rénovation des centrales nucléaires françaises qui pourrait coûter jusqu'à 100 milliards d'ici 2030.
EDF a donc besoin de vendre de nouvelles centrales, ces fameux EPR, sauf que les déboires en cascade, ne plaident pas vraiment pour l’électricien français. À quel point cela fragilise-t-il EDF ? La question est en suspens depuis plusieurs années. En 2016, le directeur financier du groupe avait démissionné avec fracas pour s'opposer au projet Hinkley Point, trop risqué à ses yeux en raison des interrogations sur l’EPR. EDF, disait-il, court le risque de finir comme Areva, autrement dit, en faillite.
Bercy a demandé un rapport
La technologie EPR n’est pas nécessairement en cause. Deux EPR fonctionnent bel et bien à Taishan, en Chine. Ils sont même entrés en service avec un peu d'avance sur le calendrier. Alors est-ce le savoir-faire d'EDF qui est en cause ?
À Bercy, en tout cas, le ministre de l’Économie a tapé du poing sur la table, dénonçant sur un ton tout à fait inhabituel, des "dérives inacceptables (…) pas à la hauteur de ce qu'EDF représente". Bruno Le Maire a demandé un rapport sur la filière nucléaire et sur le choix de l’EPR. Ce rapport sera rendu à la fin du mois.
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