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Le mot de l'éco. Keolis

Keolis c'est le nom de la très rentable filiale de transports urbains de la SNCF, présente dans 16 pays. Son patron, Jean-Pierre Farandou, a en effet été désigné cette semaine par l'Elysée pour succéder à Guillaume Pepy le 1er janvier prochain. Tout un symbole. 

Article rédigé par franceinfo, Raphaël Ebenstein
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
10 janvier 2018. Las Vegas, Nevada. Une navette électrique autonome construite par Keolis et Navya présentée au CES de Las Vegas.  (GETTY IMAGES)

Alors que Guillaume Pepy, PDG de la SNCF depuis onze ans va quitter son poste, Jean-Pierre Farandou, président du directoire de Keolis depuis 2012, a été désigné cette semaine par l'exécutif pour lui succéder le 1er janvier prochain.

Keolis, spécialisée dans le transport public urbain, filiale à 70% de la compagnie ferroviaire, a réalisé en 2018 la moitié de son chiffre d'affaires à l'étranger et est présente dans 16 pays avec 65 000 salariés. 

franceinfo : Le modèle Keolis est-il en quelque sorte l'avenir de la SNCF ?  

Raphaël Ebenstein : Voilà bien toute la question. Et peut-être aussi tout l'espoir du gouvernement ainsi que de Jean-Pierre Farandou ! Keolis apparaît en effet comme LA pépite de la SNCF. Cette filiale à 70% - les 30 autres % étant détenus par la Caisse des Dépôts du Québec - réalise près de 6 milliards d'euros de chiffre d’affaires, la moitié en France, l'autre à l'international, avec une rentabilité en hausse de 15% l'an passé ! Et aucun de ces 65 000 salariés n'a le statut de cheminot car il s'agit d'une société anonyme.  

Keolis peut en outre se targuer d'avoir transporté 3,3 milliards de voyageurs à travers le monde l'an dernier. En gros deux fois plus que la SNCF elle-même ! Présent sur quasiment tous les modes de transports urbains : bus, tramways, trains de banlieue mais aussi vélo en libre-service, navette fluviale ou auto-partage...  

Qu'est-ce qui pourrait être duplicable à la SNCF ou qui pourrait lui être utile dans la perspective de l'ouverture à la concurrence des liaisons TGV et TER ? 

Justement, cette capacité à affronter d'autres opérateurs en France comme à l'étranger. Keolis exploite aujourd'hui plusieurs dizaines de réseaux de transports en commun dans l'Hexagone. Lyon, Bordeaux, Lille, Rennes, Montpellier ou Nancy, et l’entreprise en a encore remporté de nouveaux marchés l'an passé, comme celui de Tours.

Mais c'est surtout un énorme contrat, également décroché l'an passé, qui pourrait servir de modèle à la SNCF : celui du réseau ferroviaire du Pays de Galles : 1 600 km de lignes, quand même, sur lesquelles roulent des trains Keolis.  

Keolis pourrait-il à terme décrocher des contrats en France contre la SNCF ?  

Pas forcément contre, mais à la place de, oui. Et c'est déjà ce que dénoncent des syndicats de cheminots. Keolis pourrait en effet se porter candidat, avec des conditions sociales jugées inférieures, sur des liaisons TER - les trains régionaux - situées plutôt en zone urbaine ou dense, des liaisons actuellement exploitées par la SNCF mais qui seront à terme ouvertes à la concurrence.  

Une filiale de Keolis exploite d'ailleurs déjà le tram 11 express en Île de France depuis 2017, et les conducteurs peuvent aussi y assurer d'autres tâches comme la vente de billets. Un véritable "dumping social" aux yeux de la CGT, mais cet exemple, aujourd'hui isolé, a toutes les chances à l'avenir de se multiplier.  

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