Le mot de l'éco. Le décret Montebourg sur les investissements étrangers bientôt renforcé
Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, veut renforcer la surveillance des investissements étrangers.
Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, veut élargir le décret d'Arnaud Montebourg qui permet au gouvernement de refuser des investissements étrangers dans des secteurs stratégiques. Bercy souhaite étendre le champ d'action de ce décret au secteur du numérique.
En ligne de mire du ministre de l’Économie, les investissements chinois
"Oui aux investissements de long terme, non au pillage", propos très abrupt de Bruno Le Maire, lors d’un déplacement en Chine où il accompagnait le chef de l’État. Le ministre de l’Économie entend bien protéger les technologies françaises des appétits étrangers. C'est pour cette raison qu'il souhaite étendre le décret Montebourg.
Petit retour en arrière. En 2014, l’américain General Electric s'apprête à avaler la branche énergie du français Alstom. Le ministre de l’époque, Arnaud Montebourg, exhume alors un décret anti OPA datant de 2005 et qui permet une forme de droit de veto du gouvernement sur des investissements étrangers dans les secteurs de la défense et de la sécurité. Arnaud Montebourg étend le texte à de nouveaux domaines : l’énergie, le transport, l’eau et la santé. Bercy parle alors "d'arme atomique" face à General Electric. Mais ne s'oppose pas au rachat d'Alstom. Il utilise le décret pour obtenir des garanties de l’américain, notamment sur l’emploi.
De nouveaux secteurs stratégiques
Bruno Le Maire veut en effet élargir ce décret au numérique et à l’intelligence artificielle. Car Bercy constate une vague de rachats de start-up par des fonds étrangers. L’enjeu, c'est donc de préserver la technologie française du pillage et Bruno Le Maire affirme que la question s'est récemment posée à plusieurs reprises pour des pépites tricolores. En plus d'un contrôle en amont du gouvernement sur ces opérations, Bercy dit également réfléchir à des sanctions.
Un décret en contradiction avec la promotion de l’attractivité française ?
"Choose France", autrement dit "Choisissez la France", c'est le nom donné à un sommet qui se tiendra lundi 22 janvier, à Versailles. 140 chefs d'entreprises mondiales sont conviés à venir rencontrer à huis clos, loin des caméras et des micros, une quinzaine de membres du gouvernement, mais aussi le Premier ministre et le président de la République. Emmanuel Macron qui se rendra d'ailleurs au forum économique mondial de Davos, deux jours plus tard.
Et l'argument du gouvernement, c'est de dire que les deux logiques ne sont pas du tout incompatibles. Au contraire, et que, "si on veut être plus attractif, il faut aussi mieux pouvoir se protéger". Et de souligner qu'il n’y a pas qu’en France où l’on cherche à protéger ses entreprises stratégiques. Presque tous les pays de l’Union européenne ont des dispositifs similaires. Les États-Unis aussi, avec un Comité sur les investissements étrangers, qui peut mettre son veto sur des acquisitions depuis la fin des années 80.
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