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"1000 vaches" : un projet de ferme laitière tourne au vinaigre

Une nouvelle manifestation est prévue samedi près d'Abbeville dans la Somme contre la ferme dite des "1.000 vaches". Cette immense exploitation laitière était destinée à accueillir plus d'un millier de bovins. Une première en France qui suscite beaucoup de passions et pose la question du modèle d'avenir pour la filière.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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En attendant les beuglements, c'est le bruit des engins de chantier
que l'on entend sur le futur site de la ferme des 1.000 vaches au nord
d'Abbeville.  D'ici la mise en service
prévue dans six mois, il y a l'équivalent de deux terrains et demi de football
de hangars à construire. De quoi accueillir 1.000 vaches laitières et 750
génisses. Vingt fois plus qu'une exploitation moyenne en France. Pour Michel
Ramery, entrepreneur du BTP qui a investi 11 millions d'euros dans le projet,
il faut "relever l'élevage" pour éviter que la France ne "perde
l'industrie laitière"
au profit de l'Allemagne ou des Pays-Bas.

Le site en construction repose sur une double activité. L'élevage à
grande échelle, pour abaisser les coûts de production. Et la valorisation des
déjections bovines. Un méthaniseur transformera les bouses en gaz puis en
électricité. Il devrait aussi traiter des déchets organiques des communes
alentours.

"Non à la ferme usine"

Mais à Drucat, village jouxtant l'exploitation, ce projet ne convainc
pas tout le monde.  Les affiches "Non
à la ferme-usine" pullulent. À la tête de l'association d'opposants
Novissen
, le docteur Michel Kfoury redoute un trafic routier accru autour du
site, un éventuel risque d'épizootie, ou des menaces sur l'environnement. Le
maire craint lui une "dépréciation" de l'immobilier dans son
village. Des inquiétudes injustifiées selon l'agronome qui gèrera la ferme,
Michel Welter. Il assure même que le bien-être animal sera amélioré.

Mais dans la profession, la ferme des 1.000 vaches fait aussi débat. Six
agriculteurs du secteur se sont associés à Michel Ramery pour apporter leurs
troupeaux et leurs quotas laitiers. Mais le secrétaire général de l'Union des
producteurs laitiers de Picardie, Olivier Thibaut dit avoir le "cul
entre deux chaises"
. "Pas choqué par la taille du troupeau
mais par le fait que ce soit un investisseur extérieur."
Plus radicale
dans la critique, la confédération paysanne est venue démonter des pièces d'engins
sur le chantier le 12 septembre dernier. Elle redoute que ce type
d'exploitation ne vienne "casser le prix du lait ", grâce aux
profits tirés de la vente de l'électricité du méthaniseur, à des prix
avantageusement fixés par l'Etat.

Un site d'avenir ?

À l'Institut de l'élevage, on doute toutefois que ce type d'exploitation
représente l'avenir de l'élevage laitier. Chef du service économie des
filières, Gérard You, note que ces grandes fermes nécessitent de la main
d'œuvre salariée. "Compte tenu des conditions sociales en France, il
n'est pas évident que ce soient des ateliers avec des coûts de productions
moindres"
, comme cela peut-être le cas en Allemagne ou aux Etats-Unis.

Au ministère de l'Agriculture on assure aussi que ce genre de ferme "ne
va pas dans le sens"
de l'agro-écologie prônée par Stéphane Le Foll,
mais qu'elle respecte la règlementation environnementale. Le ministère de
l'Ecologie souligne que l'autorisation d'exploiter n'a pour le moment été
accordée que pour 500 vaches laitières. Mais le permis de construire, lui, en
prévoit bien 1.000.

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