Des bombes lacrymo plutôt que des fusils de chasse
Comment apaiser les esprits
après une violente agression dans un village de 450 habitants ? C'est la question qui se pose à Magnac-Lavalette-Villars, en Charente, où un retraité a été agressé à
son domicile il y a deux semaines. Le maire, Didier Jobit, a donc décidé de
donner des bombes lacrymogènes aux habitants pour qu'ils puissent se protéger
sans "sortir les fusils ".
Une réunion publique a été
organisée cette semaine. La première chose qui frappe quand on arrive à cette
réunion, à la mairie de Magnac, c'est une table en bois où est exposé un petit
arsenal : verrous, détecteur de mouvement, barre anti-effraction, entrebâilleur
de fenêtre, judas optique ou encore sprays d'autodéfense.
Aérosols à base de poivre
La préfecture ayant conseillé
au maire de collaborer avec la gendarmerie, plutôt que d'armer ses habitants,
on ne trouve plus de bombes lacrymogènes sur la table mais des aérosols à base de
poivre.
Les habitants peuvent
commander ces articles... et certains le font, comme Lucien, 72 ans, la victime de
l'agression d'il y a deux semaines. Sa blessure à la gorge n'est d'ailleurs pas
encore tout à fait cicatrisée. Lucien choisit notamment, pour une vingtaine
d'euros, deux petites bombes aérosols : "Il y en aura toujours
une derrière la porte et l'autre qui sera dans la cuisine ".
Rassurer et informer les
habitants
Une centaine d'habitants
s'est rassemblée lors de cette réunion publique et une douzaine de bombes
aérosols a été commandée. Le but est de rassurer, de calmer les habitants.
A Magnac, village de chasseurs, quasiment tout le monde a un ou plusieurs
fusils à la maison, "jet e préfère que les villageois se défendent avec un aérosol
plutôt qu'avec une arme à feu ", explique le maire Didier Jobit.
Autre but : présenter
aux habitants le principe de "vigilance citoyenne ". Magnac est
la 7e commune du département de la Charente à mettre en place le concept. Les
villageois doivent être attentifs et appeler la gendarmerie quand ils repèrent
par exemple une personne ou une voiture suspecte. Lors de cette réunion
publique les gendarmes ont donc présenté le dispositif et ils ont aussi tenu à
rappeler aux villageois le principe de légitime défense en cas d'agression. "Il
faut que ce soit nécessaire ", explique le chef d'escadron Pascal Lalouat, "cela veut dire que c'est la seule façon que vous avez pour vous dégagez
de l'agression ".
"Vous tirez un coup en
l'air et ça y est, tout le monde déménage" (un habitant)
A cette définition de la
légitime défense, tout le monde n'est pas d'accord dans la salle. A Magnac
certains habitants l'admettent assez facilement d'ailleurs : en cas d'agression
ils n'hésiteraient pas à tirer. "Il y a un proverbe qui dit qu'il vaut
mieux faire le boucher que le veau. Si vous leur donnez un bon coup de fusil de
chasse avec du plomb dans les fesses ils ne seront pas morts mais ils s'en souviendront ",
confie un habitant, alors qu'un autre ajoute, "ici c'est vrai que tout le
monde a un fusil et on ne sait jamais ce qui peut se passer ".
Le maire Didier Jobit reste
optimiste, tout comme la préfecture de la Charente où on assure que l'agression
de Lucien, il y a deux semaines, reste tout à fait inhabituelle, exceptionnelle
pour le village de Magnac : "On retrouve la sérénité "
conclut la préfecture, sans négliger évidemment ce qui s'est passé.
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