Irak, dernier verrou avant Bagdad
La ligne de démarcation, c’est le Tigre. Le fleuve serpente le long d'une route tenue par l’armée. Avec, à l’est, ce village des résistants et, à l’ouest, des combattants radicaux enracinés dans un village derrière une forêt de palmiers. Pour l’instant, le secteur est tenu. Mais les habitants ne savent pas combien de temps cela durera. "Tout le monde maintenant est tendu.
Personne ne sait ce qui va se passer demain. Personne ne sait ce qui sa passer dans une heure ", explique Khaled, de confession sunnite, originaire de Al Rajdeia.
Rajdiaa est un grand village où l'on produit des dattes, des oranges, des citrons. Le bourg s’étire au milieu des palmiers à 40 km du centre de Bagdad. Sur la route du nord qui mène à Bakuba se trouve le poste avancé des djihadistes. Il est gouverné par un puissant chef de tribu chiite, dont l’un des frères est aujourd’hui chef de la sécurité nationale.
Dans son gigantesque salon aux canapés dorés, le cheik Mohen Al Faiyav, le chapelet à la main, parle de terroristes. Il dit qu’ils n’ont pas d’armement lourd, mais qu’ils sont bien implantés en face à Al Tarmiya : "Là-bas, il y a beaucoup de groupes terroristes parce que le terrain leur donne beaucoup d’endroit où se cacher. C’est contre le désert. Et il y a des marais, dans lesquels ils peuvent se cacher et faire des embuscades. "
Un côté aux djihadistes, l'autre aux résistants
Un coté est tombé aux mains des djihadistes et l’autre est en résistance. Les responsables de tribus expliquent qu’à l’ouest du Tigre, les anciens partisans de Saddam Hussein, les Baasistes, qui sont sunnites, auraient soutenu l’avancée des intégristes. Alors que dans le village de Rajdiaa, les habitants des deux communautés sont restés soudés, au nom de leur histoire commune. On trouve à la fois des sunnites et des chiites. Les chefs de tribus des deux confessions se connaissent depuis des générations. Et ils se sont mutuellement protégés lors des retournements de pouvoir. Aujourd'hui, ce secteur important pour la défense de Bagdad est protégé par l'armée qui fait tampon.
La défense de Bagdad
Elle a déployé une ligne, avec des barrages tous les 500 mètres environ sur les bords du Tigre. Il y a 1.000 volontaires, payés 500 dollars chacun d’après le cheik, qui se sont également engagés. Ils seraient chiites et sunnites. Mais ils ne sont pas encore sur le terrain, précise le chef du conseil local, le sunnite, Saïd Ismaël Abu Al Lateeff. Malgré cette entente entre chefs de tribus, les habitants sunnites craignent la répression. D’après un proche des Cheiks, 200 anciens baasistes auraient quitté la ville.Beaucoup d’habitants éviteraient de dormir chez eux par peur des descentes nocturnes.
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