Cet article date de plus de douze ans.

Législatives : le scrutin commence pour les Français de l'étranger

Alors que les premiers et seconds tours n'auront lieu que les 10 et 17 juin, les électeurs de l'étranger vont pouvoir voter par internet à partir de midi aujourd'hui pour élire leurs députés (le vote physique aura lieu le 3 juin). Une première. Jusqu'ici, les expatriés n'étaient représentés que par 12 sénateurs élus par l'Assemblée des Français de l'étranger.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (©)

Le
monde a été découpé en 11 circonscriptions pour les législatives.
Le Royaume-Uni fait partie de la 3ème circonscription, celle
d'Europe du Nord, un territoire qui va de l'Irlande aux pays baltes en passant
par le Groenland. Dix pays au total. Mais le Royaume-Uni représente 80% des
90.000 électeurs inscrits.

C'est
la première particularité de ce scrutin à l'étranger : la plupart des 11
circonscriptions recouvrent une immense superficie.

"La
circonscription d'Europe du Nord est très vaste"
constate le candidat du Modem, Yannick NAUD. Elle
fait 4 millions de km2. Alors bien sûr c'est beaucoup, mais au Groenland, une
seule personne vote. Je ne sais pas si elle va voter. J'espère qu'elle va le
faire. Mais en tout cas, si on enlève le Groenland, le territoire à couvrir se
réduit à 1,8 million de km2. Bien sûr, c'est encore beaucoup. Alors on voyage.
Mais comme on ne peut pas aller partout, on utilise énormément Internet pour
faire passer nos messages et créer un dialogue avec les électeurs. "

Sur
le terrain, les vingt candidats de la circonscription d'Europe du Nord privilégient évidemment les zones où il y a le plus de Français, à commencer
par Londres. Six électeurs sur dix vivent dans la capitale britannique où sont
aussi établis la grande majorité des candidats.

Les
Français de l'étranger voient d'un bon œil cette innovation électorale. C'est
un moyen pour eux de participer à la vie politique française. Car si
l'expatriation est parfois longue, beaucoup de séjours à l'étranger ne durent
que quelques années, avant un retour en France.

"Je
m'intéresse beaucoup à la politique française,
dit Nathan, 18 ans, étudiant en sciences politiques
à Londres, donc ça me paraît très important de pouvoir élire mon député. Mon
pays c'est d'abord la France. Je ne m'intéresse pas autant à la politique
anglaise qu'à la vie politique dans mon pays."

 Mais
beaucoup de Français de l'étranger ne savent même pas qu'ils peuvent cette
année élire leur député. Le message est manifestement mal passé au-delà des
frontières. La candidate du PS Axelle Lemaire constate que "de
nombreux électeurs ignorent qu'ils peuvent pour la première fois participer aux
législatives. En plus, beaucoup d'entre eux n'ont pas fourni leur adresse email
au consulat. Donc ils ne reçoivent même pas nos messages. Ils vont découvrir
cette nouveauté électorale en recevant les professions de foi des candidats par
la Poste. Et beaucoup d'entre eux n'auront pas pris leurs dispositions pour
pouvoir voter ".

 Autre
particularité de ce scrutin : il n'y a pas de sondage et aucun précédent
bien sûr. La seule référence, c'est donc la présidentielle.

Si
l'on se fie aux résultats du premier tour (plus de détails ici et ici), les candidats des
deux principaux partis, PS et UMP, étaient nettement en tête. D'une manière
générale, à l'étranger, les extrêmes réalisent des scores très faibles, et aux
législatives, le Modem ne peut pas espérer une triangulaire car l'abstention
est trop forte à l'étranger (50% à 70%) pour atteindre 12,5% des inscrits et
accéder au second tour.

 Huit
des onze circonscriptions hors de France semblent promises à la droite, même si
François Hollande a réalisé de bons scores dans certaines d'entre elles.

Les
trois autres pourraient revenir au PS, notamment celle d'Europe du nord.
François Hollande a créé la surprise ici, avec 53% des voix au second tour. La
candidate de l'UMP Emmanuelle Savarit estime que Nicolas Sarkozy a trop fait la
cour à l'extrême-droite : "Ca nous a fait perdre des voix et ça a
fait peur à l'électorat. Il ne faut pas perdre de vue qu'il y a beaucoup de
binationaux à l'étranger. Les électeurs ne sont pas les mêmes qu'en France, ils
n'ont pas les mêmes préoccupations. La sécurité, l'immigration, ne sont pas des
problèmes pour eux. Et puis nous sommes nous-mêmes des étrangers dans un pays
d'accueil".

Samuel,
un père au foyer qui a suivi sa femme à Londres. Il attend de son député qu'il
réponde à ses besoins : "J'aimerais qu'il se batte pour que les
Français de l'étranger puissent avoir droit aux allocations chômage, ou pour la
gratuité des établissements scolaires. Ca coûte très cher ici. Et d'une manière
générale, je voudrais qu'il fasse passer le message que les expatriés n'ont pas
fui la France parce qu'ils ne l'aimaient pas mais pour la faire
rayonner."

 Une
élection à l'étranger échappe aux habituels impératifs médiatiques. Ici, pas de
télévision ou de journal local. Et en Europe du Nord, aucun candidat n'est une
figure de la vie politique française. D'où une certaine fraîcheur dans cette campagne
électorale inédite.

Tous les candidats de la 3e circonscription des Français de l'étranger

M. Guy LE GUEZENNEC (FN), Mme Lucile JAMET (FG), M. Jérôme
DE LAVENÈRE, LUSSAN (AUT), M. Denys DHIVER (DVD), M. Bertrand LARMOYER (AUT), Mme
Ezella SAHRAOUI (RDG), Mme Emmanuelle SAVARIT (UMP), M. Christophe SCHERMESSER (ECO),
Mme Anne-Marie WOLFSOHN (AUT), Mme Axelle LEMAIRE (SOC), Mme Marie-Claire
SPARROW (DVD), M. Patrick KABOZA (AUT),
M. Olivier BERTIN (VEC), M. Aberzak BOULARIAH (AUT), M. Olivier CADIC (DVD),
M. Olivier DE CHAZEAUX (PRV), M. Gaspard
KOENIG (DVD), M. Yannick NAUD (CEN), M. Will Mael NYAMAT (DVG), Mme Edith TIXIER (AUT)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.