Lutte contre le chômage en Grande Bretagne : pointer chaque jour
En Grande-Bretagne, un nouveau programme destiné aux chômeurs longue durée est justement entré en vigueur lundi. Il impose de nouvelles règles aux
demandeurs d'emploi de plus de trois ans qui ont désormais trois options pour
continuer à toucher leurs allocations : des travaux d'intérêt général, une formation ou une visite quotidienne au Job Centre, l'équivalent de Pôle
Emploi.
S'ils ne respectent pas l'une de ces
obligations, leurs allocations seront supprimées, d'abord pour quatre semaines, puis
pour trois mois voire plus longtemps. "Ils veulent qu'on vienne chaque
jour, mais pour parler de quoi ,* demande Ali, un chômeur de 27 ans.
Je ne comprends pas. Au lieu d'utiliser ce temps libre pour chercher un
emploi, il faudrait que je vienne chaque jour pour discuter de
je-ne-sais-quoi ? C'est vraiment fou !"*
A la clé, 72£ par semaine, environ 90
euros. C'est le montant, fixe, des allocations chômage hebdomadaires
outre-Manche. D'une manière générale, tous les chômeurs britanniques doivent
prouver qu'ils cherchent activement un emploi pour toucher cette somme.
Travailler pour toucher des prestations sociales
Si la durée d'inactivité se prolonge, les
chômeurs suivent le Work Programme qui impose plus de contraintes,
notamment des stages en entreprise. Puis
au-delà de trois ans de chômage, place au dispositif Help To Work entré
en vigueur hier. 200.000 personnes seraient concernées au Royaume-Uni. Il peut
leur être demandé d'effectuer des missions d'intérêt général, par exemple
nettoyer des bâtiments publics ou travailler pour des organisations
humanitaires. C'est ce qu'on appelle le workfare ,
travailler pour toucher des prestations sociales.
Pour certaines associations, il s'agit
de travail forcé. "Nous sommes opposés à tous ces programmes qui
obligent les gens à faire quelque chose pour toucher leurs allocations-chômage ,
dit Ben Snaith de Boycott Workfare . Cela crée des situations
artificielles de pauvreté, avec des risques de malnutrition, de perte de
logement. Les gens sont punis pour ne pas avoir trouvé d'emploi, tout ça à
cause des tensions sur le marché du travail dans le pays".
Accompagner les chômeurs
Mais les chômeurs de longue durée ne
doivent pas tous travailler. Certains peuvent pointer chaque jour au Job Centre
pour discuter de leur situation. D'autres peuvent suivre une formation, par
exemple pour lire et écrire ou simplement pour reprendre confiance en eux.
D'après le gouvernement, il ne s'agit donc
pas de sanctionner les chômeurs, mais de les accompagner, de ne pas les laisser
au bord du chemin. 200.000 personnes sont concernées. "Ce n'est en
aucun cas une punition , assure la Secrétaire d'Etat à l'Emploi Esther Mac Vey.
Ce programme coûte de l'argent. Nous soutenons des gens sans emploi. Nous
faisons en sorte qu'ils en sachent le plus possible sur la possibilité d'avoir
un coach, de bénéficier de conseils de professionnels. Aider les gens à
retrouver un emploi, voilà ce que nous faisons".
Une réforme contestée
Il faut toutefois rappeler que le
Royaume-Uni est soumis à une cure d'austérité drastique et que le gouvernement
cherche également à faire des économies sur les aides sociales. C'est l'autre
intérêt de la réforme, et même le seul, selon Robert Jones, au chômage depuis
bientôt 3 ans : "Si vous écoutez la rhétorique des députés, l'idée
n'est pas le retour à l'emploi mais la diminution des aides sociales. Ils se
fichent que l'on n'ait pas de travail, ils veulent juste ne plus avoir à payer
pour ça".
Dans l'ensemble, les économistes doutent de
l'efficacité de la réforme. Les différentes expériences menées au Royaume-Uni et
ailleurs dans le monde montrent que les programmes de retour à l'emploi
obligeant les chômeurs à travailler coûtent cher et ne permettent pas aux
demandeurs d'emploi de rejoindre le monde des actifs.
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