Présidentielle en Algérie : une élection jouée d'avance?
On vote jeudi en Algérie, et jusqu'à ces dernières semaines le résultat ne faisait pas de doute : le président sortant Abdelaziz Bouteflika gagnait son quatrième mandat, malgré son état de santé, une incapacité physique qui l'a empêché de tenir un seul meeting.
77 ans, un
AVC, trois mois d'hospitalisation à Paris... et depuis, quelques rares
apparitions dans un fauteuil avec une élocution laborieuse. La candidature du président sortant Abdelaziz Bouteflika a
alimenté toutes les rumeurs, pourtant aujourd'hui la communication du
président balaie tous les doutes : "Abdelaziz Bouteflika va mieux ", et grâce à
ses émissaires qui ont parcouru le pays, Bouteflika est partout.
La police politique contrôle tout
Mais alors qui
gouverne vraiment ? Qui sont ces décideurs dont on parle depuis des décennies,
l'armée, les généraux, les services ? Cette élection est d'abord
un simulacre pour le politologue Mohamed Hachemaoui : "c'est la police
politique qui organise une vraie fausse transition pour que le système soit
reconduit ".
En attendant
il faut d'abord gagner et la pression est forte. La machine d'Etat tourne à
plein regime. Un peu trop même, lorsque le Forum des chefs d'entreprise a
annoncé un soutien à un quatrième mandat du president Bouteflika, la fronde a
été immédiate. Slim Othmani, le patron numéro un des jus de fruits, et
president d'un club de réflexion a dit non, d'abord par principe : "je veux
choisir mon propre candidat ". Il dénonce les serviteurs du
pouvoir.
Emergence d'une société civile
On disait cette élection jouée d'avance, la campagne électorale s'est pourtant
animée ces derniers jours. Elle s'est même bipolarisée avec Ali Benflis, l'ancien ministre, qui apparaît comme le seul vrai rival de Bouteflika.
Mais
d'autre part il y a ces appels au boycott, qui cette fois viennent aussi de la
société civile. "Je ne vois pas l'utilité de voter " explique Abdou. Ce
n'est pas de la désespérance, pour cet activiste, à travers les réseaux
sociaux la jeunesse s'exprime et se bat pour sa liberte. "On ne veut pas aller
vers un printemps arabe, mais vers le nouvel éveil de la citoyenneté en
Algérie ". D'autres se
sont retrouvés dans le mouvement Barakat ("Ca suffit !") qui avec le boycott mise sur l'après
éléction.
Alors élection
jouée d'avance ? Risques de dérapages faute d'alternance, un second tour pour la
première fois en Algérie pour lacher du lest, ce sont aussi les enjeux de cette
élection.
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