Procès de Ryanair : le low cost aérien, à quel prix ?
Après avoir obtenu le report de son procès une première
fois, Ryanair doit répondre aujourd'hui de travail dissimulé, emploi illicite
de personnels navigants et entrave à l'exercice du droit syndical.
"On
comprend aisément avec ces procédés que les salariés de la compagnie aérienne
ne veuillent pas témoigner. C'est le régime de la terreur. Terreur à l'emploi,
au licenciement. Les pilotes et les personnels navigants de cabine n'ont pas le
droit de parler et ils ne prendront pas le risque ", explique Xavier
Gauthier du SNPNC, le syndicat national des personnels navigants de cabine.
Pourtant après de longues recherches, un pilote de Ryanair accepte de témoigner
au micro du Mouv, à condition que sa voix soit maquillée.
"Cadences infernales, précarisation et pression sur les
pilotes...Le système Ryanair a montré ses limites ", selon Yves Dehayes,
président du syndicat national des pilotes de ligne, partie civile au procès de
Ryanair. Ecoutez l'une de ses explications
Des pratiques qui ne sont pas propres à Ryanair. Easyjet, la
compagnie britannique à bas coût, également implantée en France, a eu à
répondre des mêmes faits de "travail dissimulé" devant la justice il
y a quelques années.
Ce qui a d'ailleurs fait rentrer dans le rang
la cousine de Ryanair. Easyjet est aujourd'hui considérée comme la bonne élève,
ou plutôt la moins pire en termes de conditions de travail chez les low cost.
Mais il reste encore du chemin à faire...
Vers une "lowcostisation" de l'aérien ?
La question est posée par les syndicats qu'un sujet sensible
agite Bruxelles. Un projet de modification du règlement en vigueur au niveau
européen concernant les temps de vol des personnels navigants (Flight
Limitation Time) fait débat.
Initialement prévu pour arriver devant les
parlementaires ce printemps, il a finalement été repoussé à l'automne. Le texte
est proposé par l'Agence Européenne de Sécurité Aérienne pour harmoniser les
différentes législations en Europe en matière d'amplitude de vol et de temps de
repos des équipages.
Pour le syndicat national des personnels navigants commerciaux, il
s'agit d'une régression sans précédent qui entraînerait un risque accru de
fatigue et donc de catastrophes aériennes à venir : "cela reviendrait
à aligner toutes compagnies, y compris à terme Air France sur les pratiques des
compagnies les plus flexibles, et notamment les low cost, pratiques qui
conduisent déjà régulièrement à des incidents ".
Pour la DGAC, la direction
générale de l'aviation civile, il s'agit avant tout d'une manière de "réduire
les distorsions de concurrence en Europe pour plus de sécurité, et non
l'inverse ".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.