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Tombouctou libérée : les habitants racontent leur quotidien

DE L'ENVOYÉ SPÉCIAL DE FRANCE INFO | Lundi les forces françaises et maliennes ont libéré la ville de Tombouctou au Mali. Comment s'est passé le quotidien des habitants pendant ces neuf mois où la ville était aux mains des groupes islamistes ? Reportage dans les rues de Tombouctou.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Lundi après-midi dans les rues de Tombouctou, les habitants criaient, dansaient, chantaient, brandissant de petits drapeaux français et maliens, après l'arrivée des soldats dans la cité historique.

Après des mois d'occupation par des insurgés islamistes (Ansar Dine et Aqmi, rejoints il y a deux mois par beaucoup d'étrangers disent les habitants), c'est le soulagement dans les rues, les habitants retrouvent le droit à la parole.

"Nous avons attendu pendant 282 jours, nous comptions jour par jour, heure par heure ", indique cet habitant à Etienne Monin, envoyé spécial de France Info, l'un des rares journalistes présents sur place. "Je remercie le bon dieu de nous avoir sauvés, je suis fier de la France et du Mali, mais il fallait le faire plus tôt que ça ", ajoute-t-il.

À quoi ressemblait le quotidien ?

Pas de cigarette. Pas de télévision. Pas de radio dans la rue. Pas d'école. Pas d'administration. Les habitants étaient privés de tout sous la loi islamique. Le code vestimentaire était strictement contrôlé. La cigarette et la radio deviennent donc aujourd'hui des symboles de liberté.

Les islamistes avaient monté en quelques semaines une administation de contrôle. Le gouvernorat s'était transformé en tribunal islamique. L'une des banques était devenue le " centre de recommandation du convenable, et de l'interdiction du blamable " . Les habitants racontent qu'une prison pour femmes avait été installée à l'étage.

Dans quel état est la ville ?

Il n'y a plus de téléphone depuis l'attaque de l'aviation. L'electricté est rationnée. Les islamistes ont détruit en partant les engins de chantier et une importante collection de manuscrits, dans cette cité qui fut la capitale intellectuelle et spirituelle de l'islam en Afrique aux XVe et XVIe siècles. 

"Le centre Ahmed Baba où se trouvent des manuscrits de valeur a été brûlé  par les islamistes. C'est un véritable crime culturel ", s'est lamenté le maire de Tombouctou, Halley Ousmane. L'Institut Ahmed Baba abrite entre 60.000 et 100.000 manuscrits, selon le ministère malien de la Culture. 

Selon les habitants, les islamistes ont pris la fuite après les frappes aériennes françaises ces derniers jours. Les Français aident maintenant le Mali à remettre une administation sur pied pour éviter les règlements de compte dont les Touaregs et les Arabes pourraient être les victimes. En attendant, l'armée malienne assure cette sécurité en patrouillant.

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