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Le rendez-vous du médiateur. franceinfo et les comptes de campagne de Mélenchon

Retour sur l'enquête menée par la cellule Investigation de Radio France sur les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon. Enquête qui a suscité la colère du dirigeant de la France insoumise, et de très nombreuses réactions des auditeurs.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Jean-Luc Mélenchon et Sophia Chikirou, dans un bureau de vote à Paris, le 22 avril 2012.  (CHARLES PLATIAU / REUTERS)

Perquisition au siège de la France Insoumise et publication de l’enquête sur les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon la même semaine. Un calendrier troublant pour de très nombreux auditeurs. Pour leur répondre, Emmanuelle Daviet, la médiatrice, reçoit le directeur adjoint de franceinfo Richard Place, et Benoît Collombat, journaliste au sein de la cellule Investigation de Radio France.

Les auditeurs s'interrogent sur le calendrier et sur la place du contradictoire dans cette enquête

Benoît Collombat : L'enquête était programmée depuis de nombreuses semaines, c'est notre façon de travailler à la cellule Investigation de Radio France. Nous travaillons sur du temps long. L'enquête était annoncée (notamment par Télérama) bien avant les perquisitions.

Les auditeurs s’étonnent que les journalistes n’effectuent aucun travail d’enquête sur la campagne d’Emmanuel Macron.

"Avez-vous investigué avec autant de sérieux les comptes de campagne de Macron ?" ou encore "Où est la cellule d’enquête sur la Macronie ?"

Benoît Collombat : Un chiffre pour vous répondre : nous avons réalisé 7 enquêtes sur les 16 derniers mois. Par exemple, celle sur les assistants parlementaires du Modem a suscité de nombreuses réactions. Cette enquête entraînera la démission de François Bayrou du gouvernement... Nous travaillons sur tous les partis de l'échiquier politique, sur tous les pouvoirs, il suffit d'aller sur le site de Secrets d'info pour s'en apercevoir.

Dans une enquête la place du contradictoire est essentielle. Dans le reportage diffusé on n’entend pas Sophia Chikirou s’exprimer. Pour quelles raisons ?

Elle a été sollicitée à plusieurs reprises trois semaines avant la diffusion de l'enquête. Elle n'a pas répondu, c'est la raison pour laquelle on ne l'entend pas. Nous avons ensuite contacté son avocat qui nous a fait parvenir un communiqué, relayé à l'antenne.

Les chiffres des services facturés par la société Médiascop

Les chiffres des services facturés par la société Médiascop sont indiqués dans l’enquête mais pas ceux des campagnes des autres candidats. Cela a donc donné lieu à de nombreux commentaires des auditeurs. "Votre propos aurait gagné en qualité si vous aviez donné des chiffres comparatifs, pourquoi ne pas l’avoir fait ? La démonstration n’en aurait été que plus pertinente."

Sylvain Tronchet et Élodie Guéguen qui ont travaillé également sur d'autres comptes de campagne, estiment que la comparaison est périlleuse, car la société de Sophie Chikirou n'est pas une société de communication comme les autres. Médiascop n'a pas de locaux, très peu de charges. Elle ne touche pas de salaire, elle se facture les prestations avec des refacturations à l’association de campagne.

franceinfo : radio d'État ?

Richard Place, en tant que directeur de franceinfo vous êtes directement pris à partie par les auditeurs dans leurs mails. Et en particulier il y a une suspicion de collusion entre l’antenne et le pouvoir en place. "franceinfo est une courroie de transmission du régime d’état" ou encore "Pravda Info".

Ou encore cet  auditeur qui écrit : "J’ai peur de comprendre le jeu que vous jouez et qui vous décrédibilise. Je vous ressens vraiment comme l’info d’État et pas n’importe quel état, celui du pouvoir macronien hautement suspect du déni de démocratie, c’est peut-être le nouveau journalisme ?". Les mots sont forts, c’est d’ailleurs souvent le cas dans les courriers reçus, les auditeurs pensent que vous seriez aux ordres et cette enquête serait en quelque sorte une commande.

Richard Place : Nous sommes un média de service public. La démonstration de Benoît Collombat est éloquente sur le pluralisme exercé par la cellule Investigation mais également par toute la rédaction de franceinfo. Pourquoi alors avoir diffusé en intégralité la déclaration de Jean-Luc Mélenchon sur notre antenne, suite à la diffusion de l'enquête.

Pourquoi une multi diffusion du sujet ?

Stephen, un auditeur, nous écrit : "Je tiens à exprimer mon désaccord vis à vis de la diffusion en boucle vendredi dernier des résultats de cette enquête". Est-ce que la multi diffusion n’a pas contribué à laisser penser qu’il s’agissait d’un acharnement, mot fréquemment employé par les auditeurs.

Richard Place : Tous les sujets sont en multidiffusion et surtout c'est une excellente enquête.

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