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Le traitement éditorial du pouvoir d’achat et de l’inflation

La médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet, reçoit Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo.
Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L’inflation, le pouvoir d’achat figurent parmi les premiers sujets de préoccupations des Français. (Illustration) (SOLSTOCK / E+ / GETTY IMAGES)

Ce vendredi 12 mai, l’Insee a indiqué que la hausse des prix à la consommation en France s’est établie à 5,9 % sur un an, en avril. Jeudi 11 mai, dans la matinale de franceinfo, le patron d’Intermarché, Thierry Cotillard, s’est dit favorable à la prolongation du trimestre anti-inflation, qui "cartonne", selon ses mots. Favorable, mais seulement si les industriels participent aussi à cet effort, pour baisser les prix. L’inflation, le pouvoir d’achat, figurent parmi les premiers sujets de préoccupations des Français, qui se disent très attentifs à ce qu’ils entendent dans les médias. Décryptage avec Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo.

Emmanuelle Daviet : Alors, précisément, quelles sont les initiatives mises en place sur l’antenne pour aborder ces sujets ?

Florent Guyotat : Déjà, vous parliez des relevés mensuels et annuels de l’Insee. Nous en faisons régulièrement état, mais nous avons décidé d’avoir notre propre baromètre, notre propre "panier franceinfo". On fait les courses avec, chaque mois, et pour cela, nous nous sommes associés au cabinet NielsenIQ pour mesurer l’inflation, chaque mois, sur 37 produits les plus consommés par les Français.

Donc, il y a les pâtes, le riz, le papier toilette, la lessive. Et chaque mois, notre partenaire effectue des relevés de prix dans les supermarchés. Que ressort-il de cette mesure sur le mois d’avril ? On s’aperçoit que sur un an, le prix global de notre panier a augmenté de 18%, entre avril 2022 et avril 2023. Cela montre que l’inflation reste très forte sur ces produits de très grande consommation. Et c’est pour ça justement qu’on a voulu avoir notre propre outil, pour nous focaliser sur les produits qui étaient les plus consommés par les Français.

Alors parfois, les auditeurs reprochent que les sujets soient un peu centrés sur l’Ile-de-France ou bien Paris. Est-ce que ce panier permet de prendre en compte les différentes réalités régionales de l’inflation en France ?

Oui, si vous allez sur notre site Internet, vous allez pouvoir consulter une carte département par département. On s’est associé aussi à nos collègues du réseau France Bleu, pour justement faire état de ces disparités régionales, parce que l’augmentation n’est pas la même à Paris, qu’en Vendée. Donc pour ceux que cela intéresse, il y a la possibilité d’avoir une analyse plus fine, et de consulter pour son département, quels sont les derniers relevés de prix.

Plus globalement, comment travaille la rédaction avec des experts, des économistes et des acteurs de la société civile pour fournir une analyse approfondie, et des conseils pertinents aux auditeurs, au sujet de l’inflation et de leur pouvoir d’achat ?

D’abord, la rédaction s’appuie sur des reportages, à chaque fois que les relevés de prix de notre panier franceinfo sont publiés. Récemment, par exemple, on est allé à la rencontre de consommateurs qui se privaient de viande, tout simplement parce que ça coûte trop cher. Et puis, nos reportages révèlent aussi, parfois, des conséquences inattendues de cette inflation. Par exemple, la nourriture pour animaux, c’est aussi un des produits qui est mesuré régulièrement dans nos relevés de prix. Ces prix sont en augmentation et on a vu par l’intermédiaire de la SPA que cela a provoqué une hausse des abandons d’animaux, tout simplement parce que certaines personnes n’ont plus les moyens de subvenir aux besoins de leurs animaux. Ça, c’est pour le constat. 

Et puis, il y a aussi toute une partie analyse. Évidemment, on essaye de comprendre les raisons de ce phénomène, sur la base aussi de questions de nos auditeurs, et de questions de personnes que l’on rencontre lors de nos reportages. La question qui revient le plus en ce moment, c’est pourquoi il n’y a pas tout de suite une baisse des prix, alors qu’on a constaté que les cours de nombreuses matières premières dans le monde, comme les céréales, étaient à la baisse. Donc pourquoi on se retrouve encore avec des augmentations de 18% sur un an, alors que cette baisse des cours est réelle.

La réponse nous vient de certains grands spécialistes de la consommation qu’on interroge régulièrement, comme Olivier Dauvers, qui nous disent que finalement, il y a toujours un décalage mécanique, entre le moment où les prix des matières premières baissent, et le moment où ça se constate dans les rayons. C’est pour cela notamment qu’Olivier Dauvers, qu’on a interrogé récemment, nous dit que la baisse ou la stabilisation doit se manifester plutôt à l’automne.

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